MAASTRICHT / PAYS-BAS
La 37e édition de The European Art Fair maintient une sélection de marchands de haut vol qui devront, cette année, se contenter d’une seule semaine d’exposition.
Maastricht (Pays-Bas). Considérée comme la plus grande foire d’art et d’antiquités au monde, Tefaf (The European Art Fair) reste indétrônable. Elle rassemble le plus grand nombre d’exposants et tient la dragée haute aux autres manifestations, tant les marchands lui réservent leurs plus belles pièces. Elle se tient à Maastricht, du 9 au 14 mars prochains. La manifestation hollandaise a raccourci de trois jours – passant de 9 à 6 jours, avec ainsi un week-end en moins. « 76 % des marchands ont réclamé un salon plus court, indiquent les organisateurs, et comme cela n’a pas d’impact financier, le comité exécutif a pris cette décision pour 2024. » Ce n’est pourtant pas l’avis des exposants : « Même avec trois jours en moins, les frais sont restés inchangés ! Ça commence à faire cher pour un salon d’une semaine. Tefaf pense qu’avec son aura, elle peut tout faire passer. » La grogne monte. « Beaucoup ont vu leur stand changer de place sans être consultés. Alors ils ne sont pas revenus. On ne se sent pas bien considérés. Il y a un mépris absolu des marchands », rapporte un autre exposant. « Et plutôt que du jeudi au jeudi, j’aurais trouvé plus judicieux que ce soit du samedi au dimanche », ajoute Florence Chibret-Plaussu (Galerie de la Présidence, Paris).
Pour ce 37e opus, 274 exposants issus de 22 pays ont été sélectionnés. En l’absence d’une trentaine de marchands habituels dont Rossi & Rossi (Hongkong), Mullany (Londres), Lisson Gallery (Londres), Berès (Paris), Berko (Belgique), Jean-Christophe Charbonnier (Paris) ou Bernard Dulon (Paris) – les exposants français passent de 57 à 53 –, 23 nouvelles enseignes font leur entrée, dont Geoffrey Diner (Washington), l’allemande Die Galerie, M.F. Toninelli (Monaco), The Page Gallery (Corée du Sud) et le seul Français, Pascal Izarn, spécialisé notamment dans les pendules anciennes. Une dizaine d’autres marchands reviennent enfin après une ou plusieurs années d’absence.
La foire conserve son organisation en sections mais procède à quelques remodelages. Outre ses 9 sections actuelles (« Ancient Art », « Antiques », « Design », « Jewellery », « Modern & Contemporary », « Paintings », « Showcase », « Tribal Art », « Works on paper »), elle ajoute cette année le « Tefaf Focus ». Les galeries sélectionnées, soit 9 en tout dont 5 sont françaises, présentent un artiste ou un concept en profondeur. Pauline Pavec (Paris) est venue avec un solo show de l’artiste Juliette Roche (1884-1880) et des œuvres de sa période new-yorkaise et dada, tandis que la galerie Mitterrand (Paris) réserve son espace au couple Lalanne.
Le secteur le plus important reste celui consacré aux antiquités. Il accueille cette année 106 marchands (englobant la section « Jewellery » qui regroupe 17 enseignes dont 8 dévolues aux bijoux anciens), contre 103 en 2023. Steinitz (Paris) présente un grand vase couvert en granite rose de l’Oural et bronze doré, Saint-Pétersbourg, vers 1805, ayant appartenu au comte Stroganoff chez (au-delà de 1 M€) – la galerie expose un autre vase, en albâtre, qui a fait partie des collections de Louis XIV au château de Versailles. Le marchand munichois Georg Laue, spécialisé dans les cabinets de curiosités, expose une chope en ivoire richement sculptée, vers 1670, dans le cercle de Daniel Vading, Danzig ou Berlin, qui a autrefois appartenu au grand électeur Friedrich Wilhelm von Brandenburg (180 000 €). La galerie Léage (Paris) apporte une commode attribuée à Adam Weisweiler, époque Consulat, qui garnissait la chambre à coucher du deuxième consul Jean-Jacques-Régis de Cambacérès à l’hôtel d’Elbeuf (entre 400 000 et 600 000 €).
La section, qui rassemble les plus grands marchands au monde de peinture ancienne, compte 52 exposants, un nombre stable. Elle accueille deux nouveaux venus : M.S. Rau (Nouvelle-Orléans), et sa Tête de Paysanne à la coiffe blanche, vers 1884, de Vincent Van Gogh, et Van der Meij Fine Arts (Amsterdam). Le visiteur peut aussi découvrir Un bouquet de fleurs dans un vase Wan-Li en porcelaine de Balthasar van der Ast (1625), le plus fameux peintre de natures mortes de l’âge d’or néerlandais, chez Bijl-Van Urk B.V (Pays-Bas) (1,65 M€). Un Saint-Jérôme, vers 1520-1530, attribué à un peintre léonardesque dont l’origine lombarde est établie, mais les différents experts ne sont pas encore parvenus à une attribution précise, est visible sur le stand du marchand milanais Matteo Salamon (350 000 €). À la Galerie Fondantico (Bologne), un Cupidon endormi de Guido Reni (vers 1630) est mis en lumière (entre 300 000 et 400 000 €), alors que The Weiss Gallery (Londres) a apporté un Portrait d’Henri IV de Frans Pourbus Le Jeune (1610) (autour de 650 000 €).
La section d’art moderne et contemporain se maintient à 56 exposants, avec 7 départs et 7 arrivées, à l’instar de la galerie anglaise Ben Hunter et Skarstedt Gallery (Paris). Petite nouveauté : les stands de la section « Design » – 14 au total – qui auparavant étaient installés au fond de la foire, ont été répartis dans ce secteur, tout comme ceux des arts premiers (qui ne sont que 4). Cela contentera les marchands de ces disciplines qui se plaignaient d’être « mis de côté par les organisateurs ». Pêle-mêle, on découvre dans ce secteur un rare paysage enneigé d’André Derain, Paysage de neige à Chatou (1904-1905), réalisé pendant la période la plus fertile de la formation du fauvisme et qui a appartenu à Ambroise Vollard chez Landau (Montréal) ; Nu au chapeau de Kees Van Dongen (1908) chez Bailly Gallery (Genève et Paris) (autour de 2 M€) et un Abstraktes Bild (456-2) à la palette colorée de Gerhard Richter (1980) chez Von Vertes (Zurich).
Le secteur « Archéologie » (9 exposants) reste inchangé, tout comme celui des œuvres sur papier qui accueille un seul nouvel exposant, Colnaghi Elliott Master Drawings (Londres), résultat d’un partenariat entre les deux enseignes, en 2022.
La section « Showcase » compte 10 jeunes galeries ayant entre trois et dix ans d’existence dont une seule française, la galerie parisienne Louis & Sack, spécialisée dans les artistes japonais de la nouvelle école de Paris et l’art coréen contemporain.
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Critiquée, raccourcie, Tefaf reste inévitable
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°628 du 1 mars 2024, avec le titre suivant : Critiquée, raccourcie, TEFAF reste inévitable