Organisée du 8 au 17 août, la foire d’antiquités a différé son édition. Le succès d’un salon tiendrait-il à si peu de chose, à un décalage temporel de deux semaines ? À écouter les organisateurs de la deuxième édition du Salzburg World Fine Art Fair, il faut croire que oui.
SALZBOURG - Pour son baptême l’an dernier, le salon s’était en effet trompé de timing, en lançant les opérations trop tôt en juillet alors que la majorité des riches mélomanes arrivaient au cours de la seconde semaine d’août. « Le pic de l’attrait du festival de musique se situe pile dans cette semaine-là. En nous étendant sur deux week-ends, on peut capter des clientèles très différentes », souligne le décorateur Patrick Hourcade. Pour s’assurer une audience « captive », Alfredo Reyes, directeur de la galerie Röbbig (Munich), a invité quelque 120 collectionneurs et directeurs d’institutions pour un week-end au cours duquel il offre les repas, à charge pour les intéressés de payer leurs hôtels et billets de concert. « La plupart viendront d’Allemagne et une douzaine de Russie », précise Alfredo Reyes. Mais les périodes de villégiature sont-elles vraiment les plus appropriées pour ferrer les clients ? « Oui, affirme Bruce Lamarche, organisateur du salon. La moyenne de durée du séjour est de six jours et les gens n’ont rien à faire dans la journée. Certains marchands ont vendu l’an dernier à des gens qu’ils ont revus deux ou trois fois. »
Arqués sur leurs sacro-saintes vacances aoûtiennes, les marchands hexagonaux se sont fait prier. Marathoniens des foires, seuls les Steinitz (Paris) sont du voyage. D’autres invoquent les préparatifs de la Biennale des antiquaires. Beaucoup d’entre eux ont aussi été échaudés par la faible fréquentation de l’an dernier. « Il serait temps que les galeries françaises arrêtent de pleurnicher et comprennent qu’il faut travailler autrement, qu’on ne peut pas penser avoir fini sa saison en juin, peste Patrick Hourcade. De grands marchands comme Konrad Bernheimer ou Jean-David Cahn l’ont compris. » De fait, Allemands et Autrichiens dominent un salon voué à devenir le contrepoint estival de la foire des antiquaires de Munich. « L’an dernier, nous avons été surpris de voir le nombre d’Allemands qui avaient des résidences secondaires ou des chasses dans la région de Salzbourg, confie le marchand Albrecht Neuhaus (Würzburg). Nous leur avons vendu des pièces importantes, dans une gamme d’environ 200 000 euros après la foire. » Pour séduire les aficionados, l’antiquaire prévoit une fresque transférée sur toile de Francesco Lorenzi représentant un couple dansant au son du violon. On l’aura compris, un classicisme corseté version Karajan est à l’ordre du jour, ce d’autant plus que l’art moderne ne sera visible qu’à doses homéopathiques. « On n’a pas assez de place pour faire une foire moitié antiquaires et moitié modernes, admet Bruce Lamarche. Mais avec les organisateurs de la foire de Munich, on imagine pour l’an prochain un “open space” dans la “Kaizer salle” de la Résidence pour y installer des pièces d’art contemporain. » Celui-ci rêve aussi de convaincre le musée, perché sur les hauteurs de la ville, d’accueillir à terme une foire d’art contemporain. « Il y a beaucoup trop de foires d’art contemporain, Vienne a déjà un salon, note le galeriste Thaddaeus Ropac (Paris, Salzbourg). Je serais heureux si un événement voyait le jour, mais il sera difficile d’attirer les grands marchands. » Même si Ropac effectue son meilleur chiffre d’affaires en août à Salzbourg, l’esprit de cette ville douillette reste très old fashion.
8-17 août, The Residenz, Residenzplatz, Salzbourg, Autriche, tlj 11h-19h, le jeudi jusqu’à 21h, www.salzburg-faf.com
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°285 du 4 juillet 2008, avec le titre suivant : Changer de musique