Malgré la défection de quelques grands libraires, le Salon du livre ancien et de l’estampe garde le cap. Il se déroule au Grand Palais du 19 au 21 juin.
PARIS - Si la plupart des foires hébergées au Grand Palais, à Paris, bénéficient d’un calendrier globalement fixe, le Salon international du livre ancien et de l’estampe voit ses dates de programmation changer périodiquement. Après s’être tenu l’an dernier en avril, l’événement doit s’accommoder cette année d’un créneau plus ardu, celui de la fin juin. La direction du Grand Palais considère-t-elle le livre comme une variable d’ajustement ? « C’est vrai qu’on a tendance à nous mettre là où ça dérange le moins. Mais nous faisons partie des murs maintenant ; le Salon est inscrit dans les consciences et ce n’est pas un hasard si les ventes publiques se sont calées sur nos dates cette année », déclare Frédéric Castaing, président du Syndicat national de la librairie ancienne et moderne (SLAM). Quelles que soient ces variations, le salon du livre comme celui de l’estampe ont bénéficié de leur ancrage sous la verrière des Champs-Élysées. « Depuis notre installation au Grand Palais, nous accueillons plus de visiteurs que la London ou New York Print Fair », affirme Robert Guiot, président de la Chambre syndicale de l’estampe, du dessin et du tableau. Le changement d’almanach n’est d’ailleurs pas totalement néfaste. Il a permis le retour de certains libraires qui invoquaient la trop grande proximité avec la Foire du livre ancien de New York, organisée début avril. Erasmushaus (Bâle) revient donc avec l’un des grands livres d’astronomie du XVIe siècle, l’Astronomicum Caesareum, ainsi que la première édition du Capital de Karl Marx. « Le marché est un peu plus lent en ce moment, mais je ne suis pas inquiet, les prix ne baissent pas », observe Timur Yüksel, directeur d’Erasmushaus. Les libraires américains sont en revanche nettement moins présents. Quelques poids lourds parisiens comme la Librairie Les Arcades, Lardanchet et Jean-Claude Vrain font aussi faux bond à la manifestation. Lardanchet a choisi cette année de ne participer à aucune foire, privilégiant les catalogues et les expositions en librairie. Vrain a lui aussi mis un frein sur cette activité. « Je ne fais pas cette foire car je n’en ai pas besoin, indique-t-il. Je ne suis pas content non plus de la politique de la présidence du SLAM, qui soutient les institutions alors qu’elle devrait nous défendre contre les paperasseries de l’État. »
Percée du livre de photo
Si certains libraires prennent le large, des spécialités inattendues font leur entrée. C’est le cas des livres de photographie, que l’on est plus accoutumé à voir sur la foire Paris Photo. « Les livres de photos commencent à entrer dans les mœurs des bibliophiles plus classiques. Ces derniers s’y intéressent depuis la publication de bibliographies sur ce sujet. Par ailleurs, les gens de la génération Internet qui collectionnent des livres de photos n’ont pas toujours idée de venir les chercher à Paris Photo », précise Denis Ozanne (Paris). Celui-ci prévoit notamment Électricité de Man Ray et plusieurs livres de Christian Boltanski, tandis que son confrère de la Librairie 213 (Paris) propose un focus sur Fotografias, de Manuel Álvarez Bravo. Autre surprise, la présence de la maison d’édition et librairie Le Dilettante (Paris). Contrairement aux bibliophiles traditionnels, celui-ci s’attache au livres pour son contenu et non en tant qu’objet. « Je veux montrer que, dans la littérature, il n’y a pas que des monuments, mais aussi des petits maîtres, des losers, des gens dont on ne parle pas », confie Dominique Gaultier, directeur de la maison. Si Le Dilettante propose de sortir des sentiers battus, Patrick Hatchuel (Paris) veut lui montrer que la bibliophilie n’est pas nécessairement une passion coûteuse. « La situation est difficile et les ventes de livres par Internet ont considérablement ralenti, constate-t-il. Vu le contexte, je préfère apporter des livres abordables entre 150 et 6 000 euros pour fidéliser de nouveaux collectionneurs. »
19-21 juin, Grand Palais, av. Winston-Churchill, 75008 Paris, les 19 et 20 juin 10h-21h, le 21 juin 10h-19h, www.salondulivreancienparis.fr et www.salondelestampeparis.fr
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Bibliophilie : un salon à la page
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Abonnez-vous dès 1 €- Organisation : Syndicat national de la librairie ancienne et moderne et Chambre syndicale de l’estampe, du dessin et du tableau
- Nombre d’exposants : 138 pour le livre et 22 pour l’estampe
- Tarif des stands : 4 400 euros HT pour 9 m2 ; 27 000 euros HT pour 36 m2
- Nombre de visiteurs en 2008 : 24 000
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°305 du 12 juin 2009, avec le titre suivant : Bibliophilie : un salon à la page