Après sa rétrocession à la Chine le 1er juillet 1997, Hong Kong conservera son autonomie en matière législative et exécutive, le territoire continuant d’être administré sous régime capitaliste pendant cinquante ans au moins. Dans cette perspective, Julian Thompson, président de Sotheby’s Asie, dégage quelques éléments de prévision sur l’évolution du marché de l’art dans cette région du monde : le rôle clef de la Chine, l’influence de la Corée, la place de Taiwan…
HONG KONG - Selon Julian Thompson, la rétrocession de Hong Kong à la Chine ne devrait entraîner qu’un ralentissement temporaire, de l’ordre de deux à trois ans, de l’activité des maisons de ventes publiques. Le président de Sotheby’s Asie estime que le volume des ventes n’est pas prépondérant, et qu’il importera avant tout de maintenir une qualité élevée et d’attirer de nouveaux acheteurs, notamment en provenance de Chine. Car la population chinoise, au pouvoir d’achat croissant, amènera ce pays à jouer un rôle clef sur le marché de l’art international, même si, pour l’heure, les restrictions liées au contrôle des échanges internationaux apparaissent comme le principal obstacle à ce futur développement (lire le JdA n° 26, juin 1996). À ce propos, Julian Thompson rappelle que les collectionneurs de Hong Kong s’inquiètent de ce que le problème du contrôle de l’exportation des œuvres d’art n’ait pas encore été abordé par l’administration chinoise. Alors que la plupart des collectionneurs hongkongais sont dans l’expectative, les acheteurs de Taiwan, entre autres, sont de plus en plus actifs… et connaisseurs. Pour répondre à ce marché florissant dans tout le Sud-Est asiatique, Sotheby’s vient d’installer un bureau à Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie, où un réel engouement pour la céramique chinoise ne se dément pas depuis trois ans, tout comme en Indonésie.
Renversement de tendance
Si les collections d’art chinois rassemblées avant 1949 par les Européens et Américains ont souvent constitué le noyau des collections des plus grands musées occidentaux, Julian Thompson remarque que la tendance s’est aujourd’hui inversée. Il se souvient qu’en 1963, lors de son arrivée chez Sotheby’s, les collectionneurs japonais achetaient de l’art chinois. Puis, les collectionneurs de Hong Kong ont pris le relais. Citant la Corée en exemple, il explique comment les antiquités quittent un pays lorsque celui-ci s’appauvrit, pour y revenir quand ce pays s’enrichit de nouveau. Lors des ventes organisées aujourd’hui à New York, 80 % des acheteurs d’art coréen sont des Coréens qui rapatrient l’art de leur pays.
Quant à savoir si Taiwan pourrait remplacer Hong Kong comme plaque tournante des ventes publiques dans la région, le président de Sotheby’s Asie estime qu’il faudrait pour cela résoudre quantité de problèmes, citant au passage l’absence de lois taiwanaises bien définies concernant l’import-export des antiquités, les 5 % de taxe prélevés sur tout objet importé acheté aux enchères, et le nombre d’instances gouvernementales impliquées dans la réglementation du marché de l’art. Alors qu’à Hong Kong, toutes les décisions sont prises par le département des Douanes et qu’en Chine, la législation est claire et facile à comprendre, à Taiwan, en revanche, les ministères de l’Éducation et des Affaires étrangères, sans compter l’équipe du National Palace Museum, ont parfois des vues contradictoires pouvant entraîner des décisions arbitraires.
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Asie du Sud-Est : l’après 1997
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°28 du 1 septembre 1996, avec le titre suivant : Asie du Sud-Est : l’après 1997