Souffrant d’un manque d’identité et d’une sélection toujours hétéroclite, cette édition d’Art Paris a profité d’un focus africain réussi et d’une offre de qualité en art moderne.
PARIS - Avec l’Afrique à l’honneur, la foire a insufflé un vent d’air frais, permettant de découvrir des artistes du continent et de la diaspora. La sélection des galeries invitées dans le cadre de ce focus a été très largement saluée. « Les collectionneurs européens de l’art africain se sont déplacés, de même que les conservateurs», déclare la galeriste d’Abidjan Cécile Faroukhy. On pouvait voir sur son stand plusieurs travaux de Dalila Dalléas Bouzar, qui a remporté le prix du secteur Promesses pour sa série de peinture en prise avec l’histoire de l’Algérie, intitulée « Princesses ». Afronova, galerie nomade d’Abidjan, qui présentait un solo show de Billie Zangewa, a tout vendu en une vingtaine de minutes. « Notre stand était très attendu. Les pièces de Billie sont rares, car chacune prend au moins un an à être réalisée », souligne Henry Vigneron, directeur de la galerie. Et de poursuivre : « Il y a un nouveau public de l’art africain. On ne parle plus des “Magiciens de la terre”. On est en train de prendre conscience qu’on est passé à tout autre chose… »
Toutes les galeries africaines n’ont pas aussi bien vendu, mais la plupart sont reparties satisfaites. Les artistes africains ont suscité beaucoup d’intérêt de la part des visiteurs. Ce, y compris sur les stands des galeries non spécialistes, à l’instar de Dupré & Dupré Gallery, qui a cédé plusieurs œuvres de Mohamed Lekleti à des collectionneurs français. La galerie Vallois, mécène d’un centre d’art à Cotonou, montrait quant à elle des artistes béninois, parmi lesquels Dominique Zinkpè et Gérard Quenum. Toutefois, de manière globale, le manque d’homogénéité et d’identité claire habituellement reproché à ce salon ne fait pas exception cette année. Art Paris « la mal aimée » comme disent certains, n’échappe pas à une impression de remplissage. « Sur certains stands qui proposent des œuvres de second marché, on a l’impression d’être aux puces. Certaines galeries n’ont pas leur place. Il y a un problème d’identité sur cette foire », faisait remarquer un visiteur averti qui suit Art Paris depuis ses débuts.
Pour autant, il y avait de bons stands, comme celui de Natalie Seroussi construit autour des deux poètes artistes, Gil Joseph Wolman et Bernard Heidsieck à l’origine d’achats coups de cœur chez plusieurs collectionneurs. Habitué de la foire, le galeriste d’art brut Ritsch Fisch s’est départi d’un Hervé Bohnert et d’œuvres de Paul Goesch, victime du plan d’extermination Aktion T4 mis en place par les nazis. Il prévoit déjà de proposer l’an prochain un stand consacré à « l’art dégénéré ».
La galerie Paris-Beijing consacrait une partie de son espace à l’artiste turc Mehmet Ali Uysal, qui s’empare des murs comme d’une peau à révéler. L’artiste abstrait coréen J Young nous faisait découvrir chez Mo. J, primo entrant, ses panneaux métalliques abstraits en guise de réflexion sur le chaos du monde. Deux beaux Schlosser dialoguaient chez AD galerie avec d’autres artistes de la Figuration narrative. On pouvait aussi croiser des travaux récents de Buraglio chez La Forest Divonne ou encore des pièces d’art cinétique de Jan Van Munster chez Cédric Bacqueville, au titre évocateur, Miss Blanche et In Between.
Davantage d’art moderne
Côté moderne, l’accroissement du nombre de galeries a permis de couvrir presque toutes les périodes. Les pièces étaient de qualité sans être bien souvent majeures. « Le niveau est bon, mais il manque la présence de poids lourds pour le hausser encore », déclarait un galeriste. Quoi qu’il en soit, Geneviève Claisse a remporté cette année encore un certain succès à la galerie Fleury qui proposait notamment des œuvres de sa première période, réalisées entre 1966 et 1970. Nouveau venu, la galerie Michel Descours semblait aussi satisfaite. « Avec des pièces d’art moderne, nous avions peur de ne pas trouver notre place dans une manifestation surtout tournée vers le contemporain, mais cela n’a pas été le cas. Nous avons rencontré de nouveaux clients. Nous avons vendu une pièce importante de Dubuffet et nous sommes passés à une autre étape dans la sensibilisation des professionnels par rapport à l’œuvre de Jean Rain », confie Gwilherm Perthuis de la galerie.
« Face au marasme politique dans lequel la France est plongée, nous nous attendions à aller dans le mur, mais nous avons été agréablement surpris », déclare Diane Lahumière qui a trouvé acquéreur dès la première heure du vernissage pour un Félix Del Marle. Elle ajoute : « Certes, il s’agit d’une foire qui cherche son chemin, mais elle n’est pas exclusive ni élitiste et de ce fait, elle rassure les gens. La mission d’un galeriste n’est pas de s’adresser simplement aux institutionnels, mais aussi à un public varié et pas forcément hyperspécialisé. » « Il faudrait dépasser les querelles de chapelles », poursuit une autre galeriste qui aimerait voir certaines galeries qui boudent le salon rejoindre la manifestation. « Tout le monde serait gagnant. En termes de calendrier comme en termes de lieu, Art Paris a un énorme potentiel », conclut-elle.
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Art Paris tout en contraste
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Abonnez-vous dès 1 €Le stand de la galerie Vallois à Art Paris 2017 © photo Ludosane pour LeJournaldesArts.fr
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°477 du 14 avril 2017, avec le titre suivant : Art Paris tout en contraste