PARIS
Les collectionneurs semblent s’être surtout intéressés aux artistes établis, en particulier français.
Paris. Pour faire écho à l’exposition Jim Dine [jusqu’au 23 avril] au Centre Pompidou, la Galerie Templon (Paris) présentait sur son vaste stand un beau diptyque de l’artiste américain, une double tête sans visage d’un montant de 305 000 euros (Four Ears, 2016), ainsi qu’une sculpture de Pinocchio pour 265 000 euros. Autre rappel de l’actualité des institutions, la Galerie Éric Dupont (Paris) déployait plusieurs pièces (entre 6 000 et 10 000 €) de Carlos Kusnir, dont une a été vendue. L’artiste argentin vivant à Marseille bénéficie actuellement d’une importante double rétrospective organisée par Triangle France et le Frac (Fonds régional d’art contemporain) Paca dans la cité phocéenne.
Dans un autre esprit, le stand de Caroline Smulders (Paris) se distinguait par sa radicalité. Même si la série d’œuvres de Jean-Pierre Raynaud auquel elle consacrait l’intégralité du stand était découpée dans un grand sens interdit, le visiteur était porté à enfreindre l’injonction du signe. Pour la galeriste parisienne, « la foire a été plutôt calme, mais les choses ont fini par se décoincer le dernier jour, notamment pour les pièces les plus importantes ». Elle s’est ainsi défait d’une partie de ses œuvres pour des prix allant de 45 000 à 60 000 euros. Non loin de là, Oniris (Rennes) présentait un très beau solo show de quasi-monochromes bleu ciel de Geneviève Asse (née en 1923). La galerie qui accompagne l’artiste française a vendu de nombreuses pièces parmi lesquelles deux relativement grands formats, entre 45 000 et 55 000 euros. Florent Paumelle, son directeur, se réjouit de sa 12e participation à Art Paris, précisant néanmoins que « les collectionneurs qui ont acheté Geneviève Asse ne sont venus sur le salon que pour elle ».
Cette édition fut ainsi l’occasion de découvrir ou redécouvrir bon nombre d’artistes de cette génération et de la suivante. Bertrand Grimont (Paris), qui vient de faire rentrer dans son écurie Gérard Deschamps (né en 1937), présentait plusieurs belles pièces de ce membre des Nouveaux Réalistes dont un canot gonflable de 2011 entassé dans une boîte à 30 000 euros, emportée le jour du vernissage ainsi qu’une grande voile déployée en vague datant de 1998, non vendue. La galerie Rabouan-Moussion (Paris) exposait pour sa part un très beau collage d’Hervé Télémaque avec classeur découpé intitulé La Paire de Hans, l’œuf d’Éric ; affiché à 80 000 euros, il a suscité l’intérêt des collectionneurs. Jean Brolly a quant à lui accroché un ensemble de peintures de Bernard Aubertin (1934-2015), un artiste proche d’Yves Klein. Celui-ci se distingue du maître du bleu par sa couleur, le rouge, et une marque, les clous dans les tableaux. Ces derniers, vendus entre 3 200 euros pour les petits formats et 14 000 pour les plus grands (120 x 50 cm), ont connu un succès relatif, la galerie s’étant séparée de trois d’entre eux. À remarquer également sur le stand, les abstractions géométriques peintes sur tissu à carreaux de Nicolas Chardon (né en 1974), affichées entre 3 000 et 10 000 euros selon les formats, dont une au moins a été vendue.
Ceux qui connaissent bien Bernard Rancillac comme représentant de la Nouvelle Figuration ont pu être agréablement surpris par le très bel ensemble non figuratif que la galerie Françoise Livinec (Paris) a mis en relief. Y trônait un important triptyque de panneaux de bois, Peinture pas morte (330 x 150 cm). Le titre, qui tient clairement du « statement », confère à l’œuvre qui date de 1968 la valeur d’un programme d’action pour la peinture, décomposée sur les panneaux à la manière d’un nuancier de couleurs (150 000 euros). Pièce majeure du stand, elle n’a cependant pas trouvé preneur, comme l’ensemble des autres Rancillac. Une proposition sans doute trop radicale pour le public d’Art Paris, même si les bourses moins fournies pouvaient se contenter de l’affiche originale de l’exposition au Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 1964, « Mythologies quotidiennes », réalisée par l’artiste au pochoir sur papier peint (13 000 euros).
Du côté de la Suisse, qui était à l’honneur, il aurait été dommage de passer à côté des très délicates sculptures de crin de Pierrette Bloch (1928-2017) présentées par la galerie genevoise Rosa Turetsky, à partir de 15 000 euros. La galerie La Ligne de Zurich proposait un intéressant ensemble d’œuvres graphiques de Vera Molnar, dont un groupe de 6 collages, Le Montparnasseen bleus et un rouge d’après Paul Klee, le tout pour 20 000 euros.
Parmi les artistes les plus contemporains, on pouvait noter la présence de la Française Suzanne Husky (née en 1975), dont les céramiques, entre 2 000 et 4 000 euros chez Alain Gutharc (Paris), ont connu peu de succès alors qu’elles étaient parties comme des petits pains la semaine précédente sur le salon Drawing Now. La galerie Backslash(Paris) s’est pour sa part séparée de deux grands paysages de Xavier Theunis (né en 1978). Réalisés à l’aide d’adhésif sur aluminium et recouvert de vernis carrosserie, ils étaient affichés à 10 000 euros chacun.
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Art Paris honore ses classiques
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°499 du 13 avril 2018, avec le titre suivant : Art Paris honore ses classiques