PARIS
Pour sa 12e édition, la foire d’art contemporain Art Paris a encouragé ses participants à venir accompagnés. Scène d’échanges entre galeries, collectionneurs et institutions publiques du monde entier, la nef du Grand Palais accueillera également des sections réservées aux cabinets d’amateurs ou encore à des scènes étrangères. Une foire d’un nouveau genre.
PARIS - « Union mixte, mariages libres et noces barbares » : le titre de l’exposition actuelle d’Orlan à l’abbaye de Maubuisson (Val-d’Oise) irait bien à la nouvelle formule d’Art Paris, qui a demandé à ses exposants de s’associer à un invité (guest), galerie, collectionneur, musée ou même chef étoilé. Une idée doublement astucieuse. Elle permet à la foire de retrouver un élan perdu lors des deux dernières éditions. Elle souligne aussi que, si les galeristes sont résolument individualistes, leur quotidien consiste pourtant à trouver des partenaires.
Certains ont invité des confrères, histoire de partager le coût prohibitif du stand. Vanessa Suchar (Paris) s’associe ainsi à sa consœur bruxelloise Valérie Bach, tandis que Jean-Pierre Ritsch-Fisch (Strasbourg) forme un duo avec la galerie Damgaard (Essaouira). Mais ni l’un ni l’autre ne s’arrêtent à ce schéma convenu. Le premier a fait intervenir l’écrivain Marie Darrieussecq pour le texte de la performance de l’artiste Jeanne Susplugas. La seconde a invité l’un de ses collectionneurs, Antoine de Galbert, à exposer une partie de son ensemble d’art brut.
C’est aussi un collectionneur, Daniel Filipacchi, qui est convié par Les Yeux fertiles (Paris). La galerie Lahumière (Paris) rend hommage, quant à elle, à une institution amie, en empruntant au Museum im Kulturspeicher de Wurtzbourg (Allemagne) une grande toile de Günter Fruhtrunk. De son côté, RX (Paris) partage son stand avec le Centre international d’art verrier de Meisenthal (Moselle) et le Moscow Museum of Modern Art.
« Je trouve les échanges entre le privé et les institutions intéressants. Il y a quelques années, un tel stand aurait été impensable, souligne Éric Dereumaux, codirecteur de la galerie. Aujourd’hui, nous sommes dans la même barque et nous devons nous serrer les coudes. » Jean Brolly (Paris) fait, lui, appel à l’architecte Jean de Gastines pour la scénographie de son stand. Plus épicurien est le choix d’Olivier Houg (Lyon), en conviant le chef Jean-Christophe Ansanay-Alex, lequel exécutera trois happenings culinaires. Comme Olivier Houg, Guillaume Sébastien (Paris) ne partage pas ses frais avec son invité, l’ancien marchand Paul Fachetti. « Mon but est de créer un relais entre le passé et l’avenir », explique le galeriste, qui montrera les anciens artistes de Fachetti, en particulier Alecos Fassianos et Ger Lataster.
Cabinets d’amateurs
L’idée de guest aurait toutefois été plus probante si tout le monde avait joué le jeu. Or, seuls vingt-huit exposants ont accepté l’idée. « Nous sommes à un moment où les gens ont peur de prendre des risques, admet Lorenzo Rudolf, codirecteur de la foire et concepteur du projet. Mais je suis convaincu que les projets spéciaux vont être gagnants. » Autre nouveauté introduite par Rudolf, les cabinets d’amateurs, concoctés par les galeries parisiennes de la Rive Gauche Loevenbruck, Jousse, Downtown, Fabienne Leclerc ou Georges-Philippe et Nathalie Vallois. Sous l’intitulé « Utopia », devraient se greffer des enseignes du Marais, tandis qu’un cabinet international, « Visions », sera notamment constitué par Aeroplastics (Bruxelles). « Individuellement, nous n’étions pas tentés de participer à Art Paris, mais ensemble, nous voulions montrer ce que serait l’intérieur d’un collectionneur qui achèterait dans les galeries de Saint-Germain-des-Prés », déclare Hervé Loevenbruck.
Enfin, on trouve les plateformes nationales. Parmi elles, l’Afrique est orchestrée par le spécialiste André Magnin, et l’Ukraine est organisée par la galerie Taïss (Paris) avec le conservateur Peter Doroshenko. La plateforme indonésienne, confiée au collectionneur Deddy Kusuma, est sans doute la plus stratégique puisqu’elle servira d’amorce à la nouvelle foire que Rudolf lancera en janvier 2011 à Singapour. « L’Asie a mieux récupéré que n’importe quel autre pays, indique-t-il. Singapour est au croisement de la Chine, de l’Inde et de l’Australie. Entre notre nouvel an et celui des Chinois, janvier est une bonne saison. Le business ne fonctionne pas à plein régime dans le monde. » Singapour est aussi devenue une destination courue pour son port franc (lire le JdA no 317, 22 janvier 2010).
Directeurs : Caroline Clough-Lacoste, Henri Jobbé-Duval et Lorenzo Rudolph
Nombre d’exposants : 105
Tarif des stands : 395 euros le m2
Nombre de visiteurs en 2009 : 43 000
ART PARIS GUESTS, 18-22 mars, Nef du Grand Palais, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris, tél. 01 56 26 52 35, www.artparis.fr, tlj 11h-20h, le 22 mars 11h-18h. Cat., 20 euros
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Art Paris et ses « guest stars »
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Abonnez-vous dès 1 €En haut : Agus Suwage "Luxury crime" (2007-2009) - Plateforme Indonésie - Art Paris 2010 - © photo Ludosane
En bas : Jean-François Fourtou - JGM. Galerie - Art Paris 2010 - © photo Ludosane
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°320 du 5 mars 2010, avec le titre suivant : Art Paris et ses « guest stars »