Dans la foulée des négociations entre la France et les Émirats, le salon s’exporte à Abou Dhabi en novembre.
ABOU DHABI - Le rythme oriental est prétendument plus lent ou désinvolte qu’en Occident. Le projet « Art Paris Abou Dhabi », organisé du 26 au 29 novembre 2007 par l’organisateur de salons France Conventions en partenariat avec une société locale, a pourtant été plié en deux temps trois mouvements.
« L’idée est née d’une réflexion globale sur Art Paris, confie Henri Jobbé-Duval, directeur du salon. Une fois qu’on a réussi à s’implanter au Grand Palais et qu’on tend à améliorer sa qualité, que faire d’autre ? Nous avons regardé en même temps vers l’Asie et le Moyen-Orient. » La prospection à Pékin semble encore en stand-by. Au Moyen-Orient, l’équipe a lorgné du côté aussi bien de Dubaï que d’Abou Dhabi. Le premier site étant déjà investi par la Gulf Art Fair, programmée en mars, le choix de la riche capitale des Émirats arabes unis s’est imposé de lui-même. « Abou Dhabi veut devenir la capitale culturelle du Moyen-Orient. Ils sont francophiles et francophones », déclare Caroline Clough-Lacoste, codirectrice d’Art Paris. Le déménagement au Grand Palais, qui a rehaussé l’image de la foire, explique le tapis rouge déroulé par les autorités émiraties. Cette nouvelle manifestation jouit ainsi d’un écrin aussi luxueux qu’officiel, l’hôtel Emirates Palace, un établissement hors norme puisque doté de sept étoiles ! Cerise sur le gâteau, elle bénéficie d’un contrat d’exclusivité pour une durée minimale de dix ans, ce qui suppose qu’aucun autre salon d’art ne pourra s’implanter dans l’émirat.
Nus proscrits
La rapidité dans le déroulé des négociations a aussi reposé sur la parfaite maîtrise de la région par Laure d’Hauteville, chef de projet du salon. Celle-ci avait déjà organisé à Beyrouth, de 1998 à 2004, un salon d’art contemporain, « Artsud », d’où son fichier répertoriant environ 3 000 collectionneurs répartis dans cette zone. Elle s’occupe parallèlement de la collection d’un banquier libanais, Adnan Kassar, président de la Chambre de commerce de Beyrouth. La foire s’appuie enfin sur l’entregent d’Ali Khadra, éditeur très introduit de la revue d’art Canvas. Last but not least, le dîner de gala devrait compter le ban et l’arrière-ban des potentats locaux. Les dates choisies correspondent à la fin du Ramadan, période où l’on observe le plus de déplacements dans les Émirats.
Limité à quarante exposants, Art Paris Abou Dhabi adoptera une coloration moderne et contemporain classique, à l’image du salon parisien. À ceci près qu’il réservera un quart de ses stands aux enseignes du Moyen-Orient et d’Inde, pragmatisme oblige. « Dans les ventes récentes, les Moyen-Orientaux ont surtout acheté de l’art moderne, arabe, indien ou même iranien, indique Ali Khadra. L’art contemporain occidental était présent, mais de manière moins significative que l’art indien. » Pour familiariser ce public avec les créateurs occidentaux, les organisateurs misent sur un volet pédagogique mené en partenariat avec l’antenne de la Sorbonne installée à Abou Dhabi. La pédagogie sera bilatérale puisque les galeries étrangères devront, pour leur part, respecter les codes islamiques. Nus et figures religieuses restent proscrits ou déconseillés. Pour l’heure, le Moyen-Orient tolère du libéralisme plutôt son versant économique…
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Art Paris à Abou Dhabi
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°251 du 19 janvier 2007, avec le titre suivant : Art Paris à Abou Dhabi