Araignée du soir, espoir

PARIS - S’appuyant sur le succès éclatant des ventes new-yorkaises d’art contemporain, les trois leaders parisiens des enchères abordent avec confiance leurs vacations de fin d’année, où 32 à 44 millions d’euros sont attendus dans cette spécialité (ventes du soir et du jour). Christie’s table sur 12 à 17 millions d’euros pour sa seule vente du soir, soit l’équivalent en valeur des ventes de Sotheby’s et Artcurial réunies. C’est bien au-dessus de ses précédents objectifs : sa vente de prestige du 31 mai 2012 avait atteint 8,2 millions d’euros et celle du 8 décembre 2011, 9 millions d’euros. Christie’s tente donc un renforcement sur le marché parisien. Près de la moitié de sa vente du 3 décembre se compose d’une collection américaine au profil très européen, laquelle comprend notamment une rare huile sur toile signée Wols, Sans titre (le bateau ivre), peinte en 1946-1947 (est. 500 000 euros) ; un important tableau de Jean Riopelle intitulé Il était une fois en ville (1954) ; Cafetière, tasse et sucrier I, œuvre signée Jean Dubuffet appartenant au cycle de l’Hourloupe, et Two birds and a Flower (1951), huile sur toile de Karel Appel, estimés au minimum 300 000 euros chacun. Le lot phare de la soirée est une araignée Spider (1995), pièce murale unique de Louise Bourgeois, estimée 1 à 1,5 million d’euros.

Parmi les autres gros morceaux de la vente, on peut retenir Abstraktes Bild (646-4), peinture abstraite de 1987 par Gerhard Richter (est. 1,5 à 2,5 millions d’euros) ; l’huile sur toile Peinture 130 x 162 cm, 20 juin 1957 signée Pierre Soulages (est. 800 000 euros) ; un troupeau de quatorze moutons de bronze et laine réalisés en 1968 et 1969 par François-Xavier Lalanne (est. 700 000 euros) et Hauts lieux du mariage (Portraits de Werner et Nora Schenk) (1958), rarissime double portrait de Jean Dubuffet (est. 600 000 euros).

Vieira da Silva, Raysse, Basquiat, Cattelan…
Le lendemain, avec une sélection très restreinte de 29 lots, Sotheby’s visera la white glove sale [vente « gant blanc »], expression anglo-saxonne signifiant l’adjudication de 100 % des lots. Une belle œuvre de maturité de Maria-Helena Vieira da Silva illustre la couverture du catalogue : Le Temps, huile toile de 1969, estimée 800 000 à un million d’euros. Les autres stars de la vacation sont Plage de Syracuse (1954), tableau de Nicolas de Staël (est. 600 000 euros) ; un bronze monumental de 2 mètres de haut Très grand singe avisé (2010) de François-Xavier Lalanne (est. 500 000 euros) qui n’est pas sans rappeler certaines sculptures de Jeff Koons (les paillettes en moins) et le chef-d’œuvre La France orange (1963) du pop artiste français Martial Raysse, provenant de la collection Georges et Claude Pompidou (est. 400 000 euros).

Relevons encore une œuvre historique de François Morellet composée de 4 Panneaux avec 4 Rythmes d’éclairage interférents (1963) et une pièce majeure Drie in één (Trois en un) (1966) de Jan Schoonhoven, membre du groupe Zéro (est. 200 000 euros chacune). Artcurial enchaîne le même soir avec, en couverture du catalogue, un tableau de Jean-Michel Basquiat de 1982, estimé 1,5 à 2 millions d’euros. La vente compte aussi la sculpture 43 500 000 (1992) formée de deux coffres-forts forcés par Maurizio Cattelan (est. 250 000 euros), artiste dont les œuvres sont rares en ventes publiques, surtout à Paris. Artcurial a obtenu cette pièce dans une collection italienne grâce à son nouveau bureau de représentation à Milan, inauguré le 21 novembre. Son bureau bruxellois lui a par ailleurs permis de mettre la main sur Concetto spaziale – Teatrino (1965-1966), tableau de Lucio Fontana conservé dans une collection belge (est. 280 000 euros).