Succès en demi-teinte pour la vente d’art contemporain et résultats catastrophiques pour la photographie.
PARIS - Le collectionneur d’art contemporain Jean Albou, personnage singulier récemment intronisé membre du comité de développement du groupe Artcurial, était à l’honneur les 29 et 30 janvier à l’hôtel Dassault, à Paris. Dans la salle de ventes, un public nombreux relisait, mi-amusé mi-atterré, les commentaires redondants et narcissiques portés par le collectionneur tout au long du catalogue, illustré de photographies de Jean Albou posant aux côtés des artistes. « Ses commentaires, en italique, sont clairement distincts des nôtres », nous fait observer l’expert Martin Guesnet, visiblement un peu gêné de ce déballage. « Et ce sont les œuvres qui importent. »
Les Nouveaux Réalistes étaient au cœur de la collection montée sur une douzaine d’années, à 80 % avec la galerie parisienne Georges-Philippe & Nathalie Vallois. En dépit d’un intérêt manifeste, les enchérisseurs n’étaient pas pléthore, peut-être à cause des estimations très soutenues. Peu de lots ont d’ailleurs dépassé l’estimation basse, créant in fine une impression de prix faibles.
La Poubelle des Halles (1961), œuvre de qualité muséale d’Arman, a échappé à Georges-Philippe Vallois à 161 100 euros : elle a été préemptée par Alfred Pacquement pour le Musée national d’art moderne. Le galeriste a cependant emporté Quai des Célestins, 20 mars 1965, de Jacques Villeglé, pour 148 700 euros, sous son estimation basse mais à un prix record pour l’artiste. Un collectionneur français a acheté Eaten by Marcel Duchamp (1964), tableau-piège de Daniel Spoerri issu de l’ancienne collection Arman, pour le prix record de 136 300 euros. Compression de motocyclette (v. 1970), de César, a été vendue 204 500 euros à un collectionneur français et Tubes (1959) est parti chez un collectionneur suisse pour 310 000 euros, soit un record pour un Fer de César. Accord majeur (1962), coupe de violoncelle d’Arman, est montée à 371 800 euros.
Représentant la jeune scène française, l’Orgue à pets, l’Effort (1996), installation monumentale de Gilles Barbier annoncée comme endommagée, a été achetée pour 61 960 euros par Georges-Philippe Vallois. « C’est lamentable de présenter dans ces conditions une œuvre majeure d’un artiste présenté pour la première fois aux enchères. Sa vente aurait dû être différée, le temps d’effectuer une restauration », déplore ce dernier. Monde/Le Chaos (1990), de Chen Zhen, a été adjugé 396 500 euros à un marchand suisse, soit un des meilleurs prix pour l’artiste.
Quant à la vente de photographies, elle a fait un flop. La collection était trop jeune, essentiellement constituée au cours de ces trois dernières années aux enchères. « Pour moi, c’était mission impossible, et c’est bien dommage pour le marché des photographies d’Édouard Boubat, de Willy Ronis et même de Brassaï », s’excuse Grégory Leroy.
- Expert : Martin Guesnet
- Estimation : 5 millions d’euros
- Résultat : 3,5 millions d’euros
- Nombre de lots vendus/invendus : 68/52
- Lots vendus : 57 %
Photographie
- Expert : Grégory Leroy
- Estimation : 600 000 euros
- Résultat : 141 280 euros
- Nombre de lots vendus/invendus : 52/98
- Lots vendus : 53 %
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Albou à bout
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°275 du 15 février 2008, avec le titre suivant : Albou à bout