Art contemporain

L'installation polémique de l'artiste américain Sam Durant sera finalement enterrée

Par Bénédicte Gattère · lejournaldesarts.fr

Le 7 septembre 2017 - 495 mots

MINNEAPOLIS (ETATS-UNIS) [07.09.17] - Après son démontage en juin dernier, les restes de l'Échafaud du Walker Art Center seront enterrés par les indiens Dakota. Ces derniers s’étaient sentis offensés par la présence de l'œuvre d'art qui se réfère à un épisode particulièrement violent de l'histoire du génocide des Amérindiens.

Le Walker Art Center avait essuyé de vives protestations au moment de l'installation d'une œuvre de l'artiste originaire de Los Angeles, Sam Durant. Scaffold, littéralement « échafaud » visait à rappeler la violence de l'Etat américain, la brutalité du système judiciaire américain et à dénoncer le recours à la peine de mort. L'imposante structure représentait sept potences, rappelant chacune différentes condamnations jalonnant l'histoire des États-Unis, de 1859 à 2006. L'une d'entre elles renvoyait à la pendaison en 1862 de trente-huit indiens Dakotas en révolte, – l'exécution de masse la plus importante de l'histoire du pays.

Réalisée en 2012 pour la Documenta 13 de Cassel (Allemagne), elle rejoignait la même année le jardin de sculptures du Walker Art Center, entre le coq bleu de Claes Oldenburg et la cerise de Coosje Van Bruggen. Cette présentation d'un épisode aussi douloureux de son histoire a paru insupportable à la communauté indienne du Minnesota. Plusieurs manifestations se sont tenues devant les grilles du musée. Les participants brandissaient des pancartes exigeant le retrait de l'œuvre.

La relation entretenue par la nation américaine avec son histoire restant sensible, leurs revendications ont été écoutées. Il a été décidé en accord avec l'artiste et la directrice du musée, Olga Viso, de démanteler la structure de bois et d'acier. Conscient de s'être approprié une histoire particulièrement difficile pour les Amérindiens, Sam Durant a cédé les droits de propriété intellectuelle à la communauté dakota. Il est allé jusqu'à donner son accord pour brûler son « Échafaud ».

La sculpture a été entièrement démontée le 2 juin dernier mais la solution de la brûler n'a finalement pas été retenue. Le chef spirituel de la communauté, Arvol Looking Horse, n'avait pas encore été consulté sur le sujet. Or il s'oppose à cette décision, alléguant que l'utilisation du feu n'est pas anodine dans la culture amérindienne. De plus, le bois, – matériau principal de Scaffold – est investi spirituellement dans la tradition Lakota Dakota. Il ne s'agit donc pas de brûler les restes de la sculpture, ce qui serait considéré comme un manque de respect vis-à-vis de la tradition. Il a par conséquent été convenu de les enterrer. Après s'être réunis à plusieurs reprises durant l'été, suite à la décision de mai, les sages de la communauté Dakota en ont décidé ainsi. « L'enterrement » devrait avoir lieu le 17 ou le 18 septembre et faire l'objet d'une cérémonie. L'annonce officielle de l'enterrement de l'œuvre de Sam Durant se fera via les réseaux sociaux, le 12 septembre 2017. Le lieu est gardé secret, par crainte des pilleurs. Certains pourraient en effet vouloir y chercher des reliques, un phénomène qui s'était déjà produit après l'enterrement des trente-huit corps en 1862.

Légende photo

Sam Durant © Photo Lorie Shaull - 31 mai 2017 - Licence CC BY-SA 4.0

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