MINNEAPOLIS (ETATS-UNIS) [31.05.17] - S’inspirant de la potence qui servit à exécuter 38 Sioux en 1862, une œuvre a suscité une vive controverse et va être démontée dans le jardin du Walker Art Center de Minneapolis.
A quelques jours de la réouverture de son jardin repensé et rénové, le Walker Art Center a expliqué qu’il allait en retirer une œuvre pourtant récemment installée. La pièce en question est une sculpture aux dimensions imposantes, constituée de bois et d’acier et réalisée en 2012 pour la Documenta de Cassel par l’artiste résidant à Los Angeles, Sam Durant. Elle représente 7 potences historiques où ont été pendues des personnes condamnées par le gouvernement américain entre 1859 et 2006.
L’une de ces potences fait référence à une exécution de 38 guerriers Sioux Dakotas. Le Walker Art Center est situé au coeur du Minnesota où vit encore une importante communauté indienne qui n’a pas apprécié la légèreté avec laquelle l’artiste a utilisé ce pan de leur histoire. Après quelques jours de manifestations pacifiques, la communauté a eu gain de cause et l’œuvre va être démontée et retirée du jardin dans les plus brefs délais.
Sam Durant, dont l’œuvre soulève souvent des questions politiques, sociales et culturelles, « n’aurait pas suffisamment anticipé ou imaginé » les conséquences qu’exposer une telle œuvre dans le Minnesota pouvait avoir, a expliqué Olga Viso, la directrice du Walker Art Center au Minneapolis Star Tribune. Elle s’est excusé auprès de la communauté Dakota d’avoir ravivé des « souffrances et douleurs. »
En août 1892, à la suite de nombreux traités, les Sioux du Dakota perdent presque l’ensemble de leurs terres et se révoltent sous la conduite du chef Little Crow. Après des batailles sanglantes, la révolte est matée et le 26 décembre 1862, 38 guerriers sont pendus, accusés d’être impliqués dans le meurtre de colons. Cette exécution de masse est la plus importante que les Etats-Unis aient connue et l’actuelle communauté Sioux reproche à Sam Durant de banaliser « ce génocide. »
Il est également reproché la façon dont l’œuvre est exposée : située entre « une cerise géante et un immense coq bleu » (respectivement de Claes Oldenburg et Coosje van Bruggen), l’œuvre pourrait ne pas être comprise et devrait plutôt se « trouver dans un mémorial. » Certains critiquent également l’aspect général de celle-ci estimant qu’elle s’approche esthétiquement d’un « jeu pour enfant, atténuant ainsi le drame que fut ce génocide. »
Selon des informations rapportées par le journal MPR News, le Walker Art Center aurait annoncé sa volonté de brûler l’œuvre « Echafaudage », en accord avec l’artiste Sam Durant. Ce dernier s’est par ailleurs engagé à ne plus jamais produire une œuvre en référence avec cette potence et à transférer les droits de propriété intellectuelle de l’œuvre aux tribus Sioux.
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Le Walker Art Center retire une œuvre évoquant la pendaison d’indiens
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Abonnez-vous dès 1 €Sam Durant, Scaffold, 2012, acier et bois © Walker Art Center