SAINT-PETERSBOURG (RUSSIE) [30.11.12] – Le projet Ermitage 20/21 lancé en 2007 qui prévoyait l’ouverture d’un nouveau département entièrement dédié à l’art moderne et contemporain, est sur le point de se finaliser. Installé dans le site rénové du bâtiment principal, le département ouvrira ses portes en 2014.
« Le but du projet Ermitage 20/21 est la collecte, l’exposition et l’étude de l’art au XXe et XXIe siècle. Nous voulons créer une collection d’œuvres qui fera l’histoire de demain. L’art actuel peut-être vu comme un miroir de la culture moderne, et il reflète chacun d’entre nous. » Voila en quelques mots comment Mikhail Piotrovsky, directeur du musée de l’Ermitage, décrit le projet qui a conduit l’institution à mettre en place une nouvelle aile, entièrement dédiée à l’art moderne et contemporain.
Car si les réserves et salles de l’Ermitage abritent plus de 3 millions d’œuvres d’art et antiquités retraçant toutes les époques, les œuvres « post-révolutionnaires » sont en raison de l’histoire russe du XXe siècle, pratiquement absentes de ses collections. Consciente de ce manque, l’institution s’employait déjà depuis plusieurs années à présenter des œuvres plus contemporaines à son public (notamment au moyen d’échanges avec des musées tels que le MoMa) avant de décider la création de sa propre collection.
Lors du lancement du projet en 2007, le musée avait fait appel aux conseils de Michel Strauss, ancien directeur mondial du département impressionniste et moderne de Sotheby’s, en vue d’établir une liste d’acquisitions emblématiques. Cependant, au vu des difficultés budgétaires rencontrées par l’institution, c’est principalement grâce aux dons que les collections du nouveau département de l’Ermitage s’étoffent.
Il a depuis sa création suscité plusieurs donations d’importance, comme celle de Louise Bourgeois et celle du couple Ilya et Emilia Kabakov. L’inauguration officielle de ce nouveau département d’art contemporain - dont la direction a été confiée à Dimitri Ozerkov - est prévue pour 2014 – afin de célébrer le 250e anniversaire de la création du musée de l’Ermitage.
Cependant, si l’ouverture complète du bâtiment principal est encore lointaine, les salles rénovées du bâtiment accueillent déjà des expositions temporaires depuis plusieurs années. En 2007, la création d’une salle Charles Saatchi avait déjà permis l’exposition temporaire d’une cinquantaine d’œuvres prêtées par le célèbre collectionneur. Citons encore la rétrospective Boris Smelov en 2009, ou la présentation d’œuvres d’Anish Kapoor et Antony Gormley en 2010.
Si le public semble lui faire plutôt bon accueil, l’introduction croissante de l’art contemporain n’est pas toujours chose aisée dans la Russie de Poutine où la censure semble toujours vive, surtout quand les œuvres présentées remettent en question les dogmes de l’église orthodoxe. On se souvient de l’affaire Pussy Riot, ou encore des récents propos du galeriste Marat Guelman qui accusait le gouvernement russe de censure après l’annulation de son exposition « Icons » - dont certaines œuvres présentaient des motifs religieux.
Le nouveau département de l’Ermitage n’échappera peut-être pas à la règle. D’après le Guardian, l’exposition « Jake and Dinos Chapman : End of the Fun », qui s’est ouverte il y a peu de temps, aurait soulevé des contestations. Certaines œuvres se composent en effet de figurines portant des uniformes nazis, une représentation parfois vue comme un affront fait aux efforts de la Russie contre l’envahisseur durant la Seconde Guerre mondiale.
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L’Ermitage inaugurera son département d’art contemporain en 2014
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Abonnez-vous dès 1 €Winter Palace, St Petersburg, Russia - Part of the Hermitage complex - © Photo melalouise - 2009 - Licence CC BY-SA 2.0