L’école des Arts Déco abandonne son projet de grande première année

Les talons-aiguilles dessinent dans le sable humide de jolies petites figures, au fur et à mesure que les invités entrent sous le porche du Manège. « Je vous avais prévenues : un défilé dans une écurie demande d’adapter sa tenue », plaisante une officielle du château de Versailles, qui accueille le défilé de fin d’année des étudiants diplômé du master « design vêtement », de l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD).

Pour la première fois depuis l’annonce du partenariat entre « les Arts Déco » et l’établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles, l’école accueille un événement public dans ses nouveaux espaces. Outre le défilé de mode, une exposition des diplômés de l’option design textile et matières (sacs) prend place dans le rez-de-chaussée de l’aile Paris, au nord de la Grande écurie. Les sections photographie, vidéo et design espace ont aussi été mises à contribution pour la réalisation du défilé et de sa retransmission. Catherine Pégard, Marc Partouche et de nombreux invités étaient présents pour voir les top-modèles présenter les créations étudiantes dans ce cadre particulièrement majestueux.

C’est dans ce lieu conçu par Mansart entre 1679 et 1682 que s’installera durablement l’ENSAD à partir de septembre 2018, si le chantier supposé commencer la semaine prochaine tient ses délais. L’ENSAD va ainsi réhabiliter sur fonds public 3 500 mètres carrés (rez-de-chaussée et 1er étage). Après 2020, l’aile Saint-Cloud, au sud, sera rénovée par le biais de partenariats. Dans le voisinage, Bartabas et de sa compagnie équestre sont présents autour du manège et de la Galerie des carrosses depuis 2003.

Dans l’aile Paris, l’école devait ouvrir la grande première année rêvée par son directeur Marc Partouche. Mais ce projet ambitieux semble avoir rencontré des oppositions. Au sein de l’école, la mise en place d’une telle promotion aurait impliqué de bouleverser toute la pédagogie en repensant l’organisation de la 1e année et en déménageant une partie des services à Versailles. Un tel changement n’aurait pas manqué de perturber les initiatives en cours dans les écoles supérieures d’art, à commencer par les classes préparatoires publiques ouvertes par les Beaux-arts de Paris et une dizaine d’autres écoles supérieures d’art en France. Marc Partouche a donc modifié son projet, et ouvrira vraisemblablement une classe préparatoire en septembre 2018, dont le format reste néanmoins à définir : « un cycle de pédagogie augmentée, qui permet une plus grande diversité sociale, culturelle et géographique des étudiants de l’ENSAD ». Pour les 150 à 200 élèves sélectionnés, Marc Partouche souhaite se démarquer du format de classe prépa adoptée par ses confrères : « l’idée n’est pas d’installer tout le monde pendant un an à Versailles. Il y a la question du logement mais aussi la nécessité d’un lien constant avec le campus rue d’Ulm. Nous songeons à quelque chose de plus court, condensé. Pourquoi ne pas imaginer des enseignements jour et nuit, sur un temps bref, plutôt que des semaines classiques ? Bref, rien n’est figé pour l’heure. La seule certitude, c’est que nos espaces versaillais seront ceux de la nouveauté et de l’innovation ». Autrement dit : les cinq années de licence et master restent rue d’Ulm, à Paris, et l’école n’organisera à Versailles « que » la prépa, les masterclass ateliers ponctuels et autres partenariats qui permettront d’utiliser les espaces grandioses à disposition.