QUEBEC (CANADA) [08.07.15] - La ministre de la Culture et des Communications du Québec, Hélène David, a annoncé une coupe surprise de 2,5 millions de dollars dans le budget du Conseil des arts et des lettres (CALQ), sans préciser quels programmes seront affectés. Le milieu culturel s’émeut de cette diminution des crédits.
La ministre de la Culture et des Communications de la Province du Québec, Hélène David, a annoncé le 23 juin 2015 une coupe surprise de 2,5 millions de dollars dans le budget du Conseil des arts et des lettres (CALQ), sans préciser quels programmes seront affectés. Cette annonce provoque une vague de réactions et d’indignation parmi les artistes et les médias québécois, comme Le Devoir, Voir et La Presse.
« Depuis des années, le ministère de la Culture a fourni le double de l’effort financier que ce qu’on a demandé aux sociétés d’État. À un moment, il faut [leur] demander aussi un effort », s’est expliquée Hélène David sur le sujet. Le CALQ n’est pas le seul organisme touché. La SODEC (Société de développement des entreprises culturelles) devrait réduire d'environ 2 à 3 % ses coûts administratifs, tout comme l'ont fait précédemment la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) l’Observatoire de la culture (qui perd 490 000 dollars) et d’autres sociétés d’Etat.
L’annonce a surpris puisqu’elle va à l’encontre du discours porté par la ministre depuis son entrée en poste en avril 2014, qui a souvent affirmé que le CALQ fait partie de ses priorités. Le dernier budget du gouvernement québécois, au début du mois, ne prévoyait pas non plus de modifier les enveloppes du CALQ et avait rassuré le milieu culturel, inquiet depuis plusieurs années du sous-financement du Conseil.
La première réaction est venue du Mouvement pour les arts et les lettres (MAL). Son président Stanley Péan s’est insurgé dans un communiqué : « cette coupe dans les crédits du CALQ est un événement historique: elle frappe dur et vise pour la première fois les programmes de base. »
Un rassemblement, intitulé « Pique-nique des artistes en criss », s’est tenu dimanche 5 juillet à 14 h au square Viger à Montréal pour protester contre les « attaques récentes contre la culture ». Les participants souhaitaient, entre autres, exprimer leur ras-le-bol face au « discours qui vante la contribution de la culture à l’économie et au tourisme alors que les pouvoirs publics sabrent le budget du CALQ, fusionnent des programmes destinés aux artistes et détruisent des œuvres d’art à Montréal et à Québec ». En effet, le lieu a été choisi symboliquement pour dénoncer l’intention de la ville de Montréal de détruire l’Agora, œuvre conçue par l’artiste Charles Daudelin il y a plus de trente ans, destruction qui entre en résonnance avec celle de la sculpture de Jean Pierre Raynaud offerte par la ville de Paris à Québec en 1987, une « insulte diplomatique » et une « atteinte aux droits moraux de l’artiste Jean Pierre Raynaud dont l’œuvre a été outrageusement détruite devant les médias assemblés comme dans un cirque », selon les médias québécois.
De nouvelles rencontres entre le milieu muséal québécois et le ministère de la Culture sont prévues au cours des prochains mois, avec une première réunion le 9 juillet, pour faire le point sur la situation, alors que la grogne ne cesse de monter dans le milieu culturel. « La ministre ne peut pas prétendre que les coupes du CALQ ne touchent pas les artistes. C’est faux », affirme Bastien Gilbert, membre du MAL.
En conséquence, et pour la quatrième année consécutive, le programme d'aide au fonctionnement des musées nationaux du Québec est amputé de 3 % en 2015-2016, rapporte La Presse. Dans ce contexte, de nombreuses institutions muséales sont forcées de réduire certains services aux visiteurs, de reporter des expositions, de ne pas pourvoir certains postes vacants et de refuser temporairement des dons d'œuvres.
En quatre ans, le directeur général des Musées de la civilisation à Québec, Michel Côté, explique qu’il a ainsi vu son enveloppe au fonctionnement fondre de 12 %. Cette austérité frappe les deux autres musées nationaux, soit le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) et le Musée d'art contemporain de Montréal, des sociétés d'État, ainsi que le Musée des beaux-arts de Montréal, dont le financement public au fonctionnement est calculé de la même façon. Le recours au privé sera donc une priorité au cours des prochaines années, mais « la concurrence avec les autres secteurs, comme la santé ou l'éducation, est très féroce », déplore Michel Côté.
Philip Proulx, attaché de presse de la ministre de la Culture, a tenté de calmer le jeu : « Tous ces musées ont reçu cette année 1 million supplémentaire pour la stratégie numérique, ainsi qu'une bonification de 500 000 $ pour leurs programmations respectives. »
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Le Québec diminue de 2,5 millions de dollars le budget du Conseil des arts et des lettres
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