VENISE (ITALIE) [27.03.15] – Après la communication du nom des artistes sélectionnés pour le Pavillon du Kenya, en majorité chinois, des artistes kenyans s’insurgent. Une pétition a été lancée pour annuler la représentation du Kenya à la Biennale, qu’ils jugent frauduleuse.
Pour la troisième fois de son histoire, le Kenya aura son propre pavillon à la Biennale de Venise de 2015. Mais la sélection des artistes effectuée par les deux commissaires italiens, Paola Poponi et Sandro Orlandi Stagl, et par le commissaire adjoint chinois, Ding Xuefeng, a provoqué une vague de protestations de la part de la scène artistique kenyane. En effet, parmi les huit artistes qui vont être exposés, six sont chinois, un est italien, et seulement une artiste est originaire du Kenya, Yvonne Apiyo Braendle-Amolo.
En 2013, des plaintes s’étaient déjà fait entendre contre la sélection des artistes, non représentative de la scène artistique kenyane. Le pavillon était alors également commissionné par Paola Poponi et Sandro Orlandi. Sur les douze artistes exposés, huit étaient chinois, deux italiens, et deux seulement étaient originaires du Kenya. L’exposition, mettant en avant le primitivisme des artistes kenyans par rapport aux chinois, avait suscité de nombreuses critiques. Une journaliste l’avait qualifiée de « manifestation effrayante de néo-colonialisme, grossièrement présenté comme du multiculturalisme ».
Beaucoup se demandent à présent si le Kenya ne vend pas sa scène artistique à la Chine, un des investisseurs majeurs du pays, via l’Italie. La présence répétée de l’artiste et architecte italien vivant au Kenya, Armando Tanzini, suscite aussi des interrogations.
Une pétition intitulée « Renoncez à la représentation frauduleuse du Kenya à la 56e Biennale de Venise 2015 et engagez-vous à soutenir la réalisation d'un pavillon national en 2017 » a été lancée sur change.org. Elle est adressée au gouvernement du Kenya ainsi qu’au ministre des Sports, de la Culture et des Arts. La pétition rappelle l’importance que revêt la Biennale pour la représentation internationale de la scène artistique kenyane et l’émergence de nouveaux artistes. L’artiste kenyan Michael Soi a créé récemment une série de peintures satiriques intitulée « The shame in Venice » en réponse à cette controverse et à la présence chinoise massive sur le continent africain. « Le pavillon du Kenya à la Biennale de 2015 est un outrage total, identique à celui de 2013 », a déclaré Lavinia Calza à artnetNews, directrice d’ARTLabAfrica, une des plus importantes galeries de Nairobi. Selon elle, le problème vient du fait qu’il n’y a pas de volonté politique de changer la situation et de soutenir les arts du Kenya.
Cependant, le secrétaire de Cabinet du ministre des Sports, de la Culture et des Arts, Hassan Wario, a déclaré le 22 mars dernier que le Kenya n’allait pas envoyer de représentant officiel à l'événement, rapporte le Daily Nation. « Le Kenya n’est pas officiellement représenté à l'événement de cette année. C’est le résultat d'une mauvaise planification de la part du gouvernement et des artistes », a-t-il annoncé. Finalement, Hassan Wario a conseillé aux artistes kenyans de se tenir prêts pour 2017.
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Le Pavillon du Kenya à la Biennale de Venise représenté par... six artistes chinois !
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Abonnez-vous dès 1 €Vue de Venise © Photo Владимир ШелÑпин - 2011