AMSTERDAM (PAYS-BAS) [03.10.12] – Après 9 ans de fermeture, le musée d’art moderne et contemporain Stedelijk a récemment rouvert ses portes, doté d’une extension très futuriste.
« We zijn open » ! (nous sommes ouverts) annonçait fièrement le musée Stedelijk le 23 septembre dernier, à l’occasion de l’inauguration de ses nouveaux espaces par la reine Béatrice des Pays-Bas. Il faut dire qu’après 9 ans de travaux entrecoupés de retards, de problèmes financiers et même d’une courte réouverture en 2010, le Stedelijk revient de loin. Arborant sa nouvelle extension ultra moderne, le musée d’art moderne, contemporain et de design ne passe d’ailleurs pas inaperçu. Accolés au bâtiment d’origine en briques rouges, réalisé en 1895 par l’architecte A.W. Weisman, les 10 000 m2 d’espaces supplémentaires se dressent dans un écrin blanc flambant neuf et futuriste. Construit à l’aide d’un polymère composite qui recouvre une structure métallique, le bâtiment a ensuite été peint avec un matériau utilisé en aéronautique qui lui donne un côté très brillant et lustré ce qui, ajouté à sa forme lui vaut déjà le surnom de « baignoire ». Outre des salles d’expositions à l’étage, l’extension se compose également d’espaces souterrains dévolus à la librairie, la billetterie et le restaurant dont le Stedelijk sera désormais pourvu.
La problématique principale de l’ancien musée résidait dans sa taille. Dès 1990, des plans d’extension du bâtiment avaient été proposés, car avec un fond de 90 000 œuvres, le musée conçu par Weisman ne permettait plus de présenter l’exposition permanente en même temps que les expositions temporaires. Quand Mels Crouwel, fondateur du bureau d’architectes Benthem Crouwel d’Amsterdam remporte le concours lancé en 2004 pour la construction d’une extension du Stedelijk, il ne propose pas seulement de fournir de nouveaux espaces d’expositions mais envisage également une restructuration profonde du musée.
L’exemple le plus significatif de cette restructuration est sans nul doute sa décision de faire « pivoter de 180 degrés l’intérieur du musée et placer son entrée sur le Museumplein ». Le « Museumplein », littéralement « la place des musées » tire son nom des 4 musées qui l’entoure, à savoir le Stedelijk, le Rijksmuseum, le musée Van Gogh et le Diamond Museum. Le seul hic de cet ensemble urbain, c’est que tous ces musées tournent le dos à la place, leurs entrées étant situées côté rue. C’est donc avec la volonté de pleinement justifier ce nom de « Museumplein », que Crouwel a décidé de faire de son extension futuriste la nouvelle entrée du Stedelijk.
Cette nouvelle entrée semble de prime abord tout à fait incongrue, tant elle tranche avec le classicisme du bâtiment historique. Là encore, il s’agit d’une volonté de Mels Crouwel. Pour montrer au public l’image du renouveau, l’extension ne pouvait s’inscrire dans la continuité architecturale du vieux musée. Mais cette jonction entre le neuf et l’ancien ne manque pas de susciter le scepticisme, et la sensation de voir un édifice historique défiguré par une annexe trop moderne. Pour Crouwel, c’est au contraire une manière d’actualiser ce qui existe sans l’annihiler. « Nous pensons qu’en regardant un bâtiment, on doit pouvoir dire de quelle époque il date. […] Nous avons traité les deux bâtiments séparément. Entre l’ancien bâtiment et son extension, nous avons inséré cinquante centimètres de verre au niveau de la toiture, pour que les deux bâtiments restent séparés sur le plan visuel aussi. Ainsi, l’ancien musée continue d’être perçu comme un diamant solitaire » a-t-il-déclaré. Malgré le souhait de l’architecte de marquer la différence entre les deux parties du musée à l’extérieur, la mise en place de l’intérieur a privilégié une uniformité entre les espaces d’expositions anciens et les nouveaux.
Alors que les nouveautés architecturales du Stedelijk Museum ne font pas l’unanimité, certaines initiatives semblent cependant avoir donné des idées à ses voisins directs. Selon Mels Crouwel, le musée Van Gogh, qui vient de fermer ses portes pour entreprendre des travaux, envisage lui aussi d’aménager une deuxième entrée qui donnerait sur la Museumplein. Interwievé par ARTE, Mels Crouwel avait laissé entendre qu’un raccordement souterrain entre les deux musées serait peut-être possible à l’avenir. Outre l’aménagement revisité de ses collections et les deux expositions temporaires lancées pour sa réouverture, le Stedelijk prépare également pour cet hiver une rétrospective Mike Kelley disparu en début d'année.
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Le nouveau musée Stedelijk d’Amsterdam
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Abonnez-vous dès 1 €Stedelijk Museum vue du bâtiment original (A.W. Weissman, 1895) et de l'extension réalisée par l'architecte Benthem Crouwel - photo John Lewis Marshall - Courtesy