PARIS [03.02.12] - Francesco Vezzoli, qui a toujours fait montre d’une redoutable habileté à ausculter et démonter les mécanismes du pouvoir et de la célébrité, sait faire l’événement. PAR FRÉDÉRIC BONNET
Lancée par la Fondation Prada – que l’on a connue qualitativement beaucoup plus sûre de ses choix –, l’invitation à visiter son « 24 Hours Museum », installé pendant 24 heures donc, les 24 et 25 janvier dans l’enceinte du Palais d’Iéna, à Paris, avait tout de la blague potache. Réunissant lors d’un dîner et d’une soirée le gotha des milieux de la mode et de l’art, la blague a pourtant viré au triste spectacle.
Outre un espace discothèque bordé d’images de sculptures antiques à l’effigie de l’artiste et baptisé, avec un joli sens du second degré, « Salon des refusés », le reste du « Museum » consistait en une galerie de « sculptures métissées » : des caissons lumineux aux contours clinquants renfermant des images de statues, antiques elles aussi, dont les visages ont systématiquement été remplacés par un mélange de deux visages de star(lette)s. Monté sur des socles en faux marbre – en fait du médium recouvert d’une vilaine peinture à l’effet proche de celui d’un papier peint adhésif - le tout était visuellement horrifiant. Le plus drôle résidait finalement dans l’aménagement effectué par le studio AMO de Rem Koolhaas, avec un éclairage au néon rose assassin pour n’importe quelle mine, même la plus fraîche.
Si l’intention de l’artiste – qui a qualifié son projet de « réflexion sur le musée comme "laboratoire social" » – était de se montrer cynique au point de se moquer ouvertement de son très select public, au sein duquel ses marchands seront forcément parvenus à céder à vil prix ces pièces qui, bien qu’atroces, participaient d’un événement labellisé par un prestigieux partenaire, la démarche aurait finalement pu apparaître de quelque intérêt. Mais est-il parvenu à ce stade de perversion ? Pas sûr !
Vezzoli, dont les meilleures réalisations ont toujours été d’ordre filmique alors qu’assez faibles s’agissant d’objets, a une fois de plus fait siens les ressorts de la société du spectacle, mais en appauvrissant gravement son sujet. L’élan parodique revendiqué ne suffit pas à en rendre l’approche pertinente.
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Prada : 24 heures de trop
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Abonnez-vous dès 1 €Francesco Vezzoli, 24h Museum, 2012, installation éphémère au Palais d'Iéna, Paris.
© Fondatione Prada.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°362 du 3 février 2012, avec le titre suivant : Prada : 24 heures de trop