Le trio de tête composé par la Fiac, Frieze Art Fair et Art Basel a affiché un beau dynamisme tandis que l’Asie du Sud-Est et le Moyen-Orient développent leur marché et s’ouvrent peu à peu à l’art occidental.
Malgré la crise financière, l’année 2011 aura été un bon cru pour les foires d’art contemporain. En témoigne le dynamisme des grands salons qui ne s’est pas ralenti, même si une certaine retenue a été de mise. En Europe, un trio de tête encore indétrônable s’impose, entre Paris, Londres et Bâle : la Fiac [Foire internationale d’art contemporain], Frieze Art Fair et Art Basel semblent toujours faire les beaux jours des marchands et des collectionneurs.
La Fiac, rassemblée cette année au Grand Palais, a su convaincre par son homogénéité et un niveau général en hausse par rapport aux années précédentes. Avec une clientèle et des marchands toujours plus internationaux, elle prend de l’ampleur en affichant un dynamisme bénéfique et un volume d’affaires à la hauteur.
La 9e édition londonienne de Frieze a quant à elle joué sur les valeurs sûres, privilégiant le retour de la peinture et des œuvres d’artistes présents dans les musées. Un pari gagnant, à en croire certains galeristes et des achats remarqués effectués par des institutions et des collectionneurs de renom.
En juin, Art Basel n’a pas démérité de sa réputation de « Mecque de l’art », malgré des remous causés par d’illustres refusés, parmi lesquels plusieurs galeries berlinoises qui se sont émues d’un comité de sélection « trop provincial ». Preuve du succès de la foire, un premier jour électrique, avec un nombre non négligeable de nouveaux acheteurs venus d’Asie, chinois en majorité.
Singapour, Dubaï et Abou Dhabi
Et c’est bien l’Asie du Sud-Est qui était au centre des préoccupations cette année. Avec une économie toujours plus forte et des collectionneurs orientaux (relativement) plus ouverts aux œuvres occidentales, la région représente un marché de taille, même si un certain flou demeure pour le moment quant aux chiffres réels. Messe Schweiz, l’organisateur d’Art Basel, ne s’y est pas trompé, puisqu’il est devenu en 2011 le principal actionnaire de sa concurrente honkongaise Art HK, qui s’occidentalise peu à peu sans pour autant devenir la Terre promise des exposants européens ou américains. À Singapour, l’année a été marquée par le lancement en janvier d’une nouvelle foire, « Art Stage Singapore », emmenée par l’ancien directeur d’Art Basel, Lorenzo Rudolf. Censée rivaliser avec Art HK, Singapour va devoir convaincre les galeries occidentales d’investir les lieux, un travail qui ne se fera que sur le long terme… Du côté du Moyen-Orient, la patience est là encore de mise. Si Art Dubaï et Abou Dhabi Art s’installent tranquillement dans le calendrier, elles peinent encore à attirer un large panel d’acheteurs internationaux.
Mais le succès des grand-messes ne doit pas faire oublier les foires plus locales, qui tentent de tirer leur épingle du jeu, à commencer par Art Paris, qui s’apprête à prendre un nouveau départ. Ou Art Brussels, à Bruxelles, qui mise chaque année sur la qualité pour une clientèle de connaisseurs français et belges, cherche à s’internationaliser davantage, malgré la présence d’exposants venus du monde entier. À Turin également, la foire Artissima pâtit depuis deux ans du repli du marché de l’art italien, les acheteurs transalpins se montrant hésitants dans un climat économique tendu, en dépit d’œuvres honorables et proposées à des prix abordables. Sans parler de foires plus locales, à l’image de ST-Art à Strasbourg, qui a subi l’an dernier la défection de ses exposants italiens, la faute à la crise encore.
Marque déposée
2012 sera l’année des franchises : Frieze Art Fair va lancer sa branche new-yorkaise annoncée en grande pompe, tandis que la direction d’Art Basel intensifie sa politique de diversification, dorénavant tripartite, entre Bâle, Miami Beach et Hongkong.
Programmée au mois de mai au Randall’s Island Park, Frieze New York entrera en confrontation avec l’Armory Show, à New York. Cette dernière, bien que prévue début mars, est partiellement délaissée par nombre de ses exposants américains, et, au 10 janvier, elle n’avait toujours pas communiqué de liste de ses exposants, signe d’un certain malaise. La situation est d’autant plus délicate qu’Art Basel Miami Beach, qui a fêté ses 10 ans en 2011, avait déjà sérieusement ébranlé les positions du salon new-yorkais. Cette conjoncture profitera-t-elle aux exposants européens et français ? Du trio de tête, la Fiac reste donc la seule a ne pas avoir succombé aux sirènes de la « marque déposée ». Jennifer Flay, sa directrice, admettait toutefois en octobre dernier (lire le JdA no 354, 7 octobre 2011, p. 21) « penser aux possibilités de développement » de la foire parisienne.
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Les foires s’internationalisent
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°361 du 20 janvier 2012, avec le titre suivant : Les foires s’internationalisent