Le Musée des arts décoratifs de la ville reconstitue le cadre impérial et l’art de vivre des « séries bellifontaines », le charme du château en moins.
BORDEAUX - De 1852 à 1869, pendant la belle saison, Napoléon III et Eugénie séjournaient à Fontainebleau, où ils recevaient chaque semaine des invités par dizaines. Pour ces privilégiés en villégiature, personnalités de la cour ou du pouvoir conviées à partager la vie quotidienne du couple impérial, près de 250 appartements avaient été spécialement aménagés dans le château. À Bordeaux, ville dans laquelle le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte proposa le rétablissement de l’Empire et de la paix avant d’être sacré empereur, le Musée des arts décoratifs souhaitait reconstituer le cadre de ces « séries bellifontaines », leur décor et leur atmosphère, et apporter un autre regard sur l’influence exercée par l’Empereur et l’Impératrice sur l’art de vivre du Second Empire.
Grâce à un prêt de 140 pièces – œuvres, meubles et objets –, provenant du château de Fontainebleau, c’est donc un appartement privé, mais aussi des lieux de réception, pareillement destinés au plaisir des convives, qui y sont suggérés par de faux décors. Dans une même salle, le boudoir, qui fut celui de Marie-Antoinette avant de devenir celui d’Eugénie, une petite vitrine du musée chinois et des chaises capitonnées du théâtre impérial sont censés illustrer, au-delà des occupations et divertissements organisés au palais, les spécificités d’un style éclectique, trop souvent négligé.
Résidence habitée
À l’étage, la reconstitution d’un appartement du château de Fontainebleau, mis à la disposition d’un invité de moyenne catégorie et composé d’une antichambre, d’une chambre et d’un cabinet de toilette, témoigne de la logistique mise en œuvre pour ces séjours. L’intérieur d’une armoire de régie révéle ainsi, à côté d’un mobilier de première qualité exécuté par les manufactures royales, des objets plus modestes issus de productions sérielles. Tous ces éléments, restaurés pour l’occasion, donnent à voir en Fontainebleau une résidence habitée.
En 1870, la défaite de Sedan met fin au Second Empire de façon aussi rapide qu’inattendue. La bâtisse est alors fermée, avec tout ce qu’elle contenait. L’exposition bordelaise permet aujourd’hui de redécouvrir une partie de ce patrimoine. Cependant, ni l’installation de moquettes épaisses au second niveau du musée, ni l’opulence de tissus anciens ne suffisent à rendre le charme de Fontainebleau. S’il est vrai que la configuration des espaces d’exposition restitue à Bordeaux ce caractère intime que Napoléon III et Eugénie insufflèrent à la « maison des siècles », leur étroitesse ne répond que difficilement à la majesté du propos affiché par cette manifestation. Heureusement, cette dernière devrait prendre tout son sens à Fontainebleau même, où elle sera visible dès le 31 mars.
Commissariat général : Bernadette de Boysson, directrice du Musée des arts décoratifs de Bordeaux ; Xavier Salmon, directeur du patrimoine et des collections du château de Fontainebleau
Nombre de pièces : 170
Jusqu’au 5 mars, Musée des arts décoratifs, 39, rue Bouffard, 33000 Bordeaux, tél. 05 56 10 14 00, tlj sauf mardi 11h-18h, le week-end 14h-18h, www.bordeaux.fr. Catalogue, éd. Faton, 132 p., 19 €.
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Fontainebleau s’invite à Bordeaux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°361 du 20 janvier 2012, avec le titre suivant : Fontainebleau s’invite à Bordeaux