L’Admical sur le pont

PARIS - L’enquête Admical-CSA 2010 sur le mécénat d’entreprise avait mis en évidence une chute vertigineuse des budgets dévolus au mécénat culturel (lire le JdA no 333, 22 octobre 2010). Avant d’organiser ses 20e Assises internationales du mécénat d’entreprise, les 9 et 10 mai à Marseille, l’Admical (1) se veut néanmoins rassurante. Avec 380 millions d’euros alloués en 2010 contre 975 millions d’euros en 2008, le mécénat culturel a été le plus touché par la crise. Si ces chiffres paraissent catastrophiques, l’action sur le terrain doit pourtant être analysée de manière plus fine, voilà en substance le message que l’Admical a distillé par la voix de son président, Olivier Tcherniak, le 22 mars, lors de la présentation des Assises.

Une charte du mécénat 
Effet de la crise oblige, une partie du mécénat culturel s'est aujourd’hui transformée en parrainage ou sponsoring, pilotés par les services communication et relations publiques des entreprises. Le mécénat croisé (culture et solidarité, culture et sport…) tend également à complexifier encore ce bilan, puisque l’Admical considère ces actions croisées comme relevant du mécénat social, et non culturel. Sans compter la montée en puissance de la RSE (Responsabilité sociale d’entreprise), dont « la compréhension n’est pas encore achevée », selon les mots du président de l’Admical. Les frontières entre RSE et mécénat ne sont pas toujours bien comprises dans les entreprises et leur articulation reste encore à définir. De plus, les sociétés ont tendance à se diriger vers des actions de mécénat de compétence ou de proximité, surtout dans le domaine de la solidarité (accès à la culture, médiation auprès de publics éloignés, diffusion…).

À l’heure où Bercy considère le mécénat d’entreprise comme une niche fiscale (lire le JdA no 333, 22 octobre 2010), et où l’Assemblée nationale réfléchirait à un plafonnement des avantages fiscaux liés à la loi de 2003 sur le mécénat, l’Admical entend présenter aux prochaines Assises une charte du mécénat d’entreprise. L’objectif affiché est de clarifier les missions de ce dernier, de dépasser le seul point de vue fiscal et de « rassembler tous ses acteurs autour de principes et de valeurs communes ». La tâche sera de longue haleine, surtout face aux dérives de certaines actions de mécénat revêtant tous les aspects du sponsoring, et dont les entreprises attendent un bénéfice direct en retour. Or « il ne doit pas y avoir de recherche d’intérêt économique dans le mécénat », a énoncé Olivier Tcherniak avec insistance.

Autre inquiétude, la baisse des fonds alloués à la création proprement dite. Le mécénat croisé a tendance à favoriser de plus en plus la diffusion au détriment de la création, la médiation vers des publics éloignés plutôt que le soutien aux artistes. Cette tendance concerne l’art contemporain, et plus encore le spectacle vivant. À Marseille, les PME seront mises à l’honneur : devenues incontournables, elles s’impliquent de plus en plus dans le mécénat de solidarité et de proximité. Mais, malheureusement, elles restent plus réticentes à s'aventurer sur le terrain culturel que les grandes entreprises.