Les 14 musées dépendant de la Ville de Paris devraient être fédérés en un établissement public unique.
PARIS - La réponse aux difficultés que traversent la plupart des musées de la Ville de Paris (lire Le Journal des Arts no 337, 17 décembre 2010, p. 6) passera donc par… une réforme administrative. Le 19 janvier, les deux élus en charge de ce dossier, Christophe Girard (culture) et Danièle Pourtaud (patrimoine), ont annoncé la création d’une « mission de préfiguration de l’établissement public des musées de la Ville de Paris », laquelle devrait, à terme, fédérer dans une structure unique et autonome les quatorze établissements de la ville. « Sans esprit de polémique », Christophe Girard, adjoint à la culture, a néanmoins répondu aux critiques sur le manque d’engagement de la Ville en faveur de ses musées. « Lorsque nous avons été élus en 2001, a précisé l’élu, la situation objective des musées n’était pas très bonne. Hormis les travaux du Petit Palais lancés par Jean Tiberi, aucun chantier n’avait été engagé de 1977 à 2001. »
Le « Grand Louvre » des musées parisiens
D’après Christophe Girard, la décision de moderniser la gouvernance des musées aurait été prise dès 2003. Huit ans de réflexion plus tard, le « « grand Louvre » des musées parisiens », selon les termes de l’élu, va donc pouvoir être lancé. Et si la réforme consiste à suivre à la lettre les préconisations du rapport remis en mai 2010 par Delphine Lévy, membre du cabinet du maire – mais commandé seulement six mois plus tôt ! –, les musées parisiens risquent de vivre une vraie révolution. Car ce court rapport suffit à pointer toutes les faiblesses accumulées de longue date par les musées et que tout visiteur lambda a eu le loisir de déplorer : obsolescence des prestations d’accueil, horaires inadaptés ; besoins criants de travaux de modernisation (chiffrés à 26 millions d’euros à Carnavalet) ; programmation événementielle disparate. Sans oublier les problèmes de gouvernance et de moyens. Le bilan chiffré n’est en effet pas à la mesure de ces établissements. Malgré la gratuité d’accès aux collections, les quatorze établissements n’ont accueilli que 3 millions de visiteurs (2010). Cela pour un coût complet sur le budget de la Ville évalué à 46 millions d’euros, dont 36,5 millions d’euros en charges de personnels et seulement 9,3 millions en fonctionnement. Avec certaines aberrations administratives : les recettes de « Paris Musées », délégataire pour les expositions et les éditions, soit 750 000 euros en 2009, se retrouvent noyées à chaque fin d’exercice dans le budget global de la Ville. En attendant de se lancer dans cette rénovation en profondeur, la mission de préfiguration aura pour objectif de mettre rapidement sur pied un établissement public administratif fédérant tous les établissements, auparavant gérés en régie directe, et intégrant les anciennes fonctions de Paris Musées. Les statuts de cette agence comptant près de 1 000 salariés devront veiller à offrir un minimum d’autonomie à chaque établissement. Les activités commerciales pourraient être filialisées tandis que la politique de recherche de ressources propres, par le biais du mécénat ou de locations d’espaces, sera intensifiée. Un fonds de dotation pourrait aussi être créé. Calendrier électoral oblige, la Ville veut désormais aller vite. La mission de préfiguration, qui pourrait être présidée par Delphine Levy, devrait présenter les futurs statuts de l’agence dans les prochains mois pour une création au premier semestre 2012. Les négociations avec les syndicats s’annoncent toutefois ardues, la CGT ayant déjà manifesté son hostilité.
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La révolution des musées
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°340 du 4 février 2011, avec le titre suivant : La révolution des musées