L’exposition de Cologne et Düsseldorf passe en revue l’œuvre d’Yves Klein dans toutes ses manifestations : judo et voyages, conférences, performances lors de l’inauguration de ses expositions, stratégies publicitaires et écrits, à côté de ses toiles et objets monochromes, anthropométries, reliefs en éponge, peintures de feu et autres cosmogonies.
COLOGNE - Au total, 146 œuvres d’art sont présentées, dont la majorité a été prêtée par les héritiers de l’artiste, qui contrôlent encore les quatre cinquièmes de toute sa production. Cette exposition coïncide avec un renouveau de l’intérêt pour son œuvre, qui amène les spécialistes à reconsidérer sa place dans l’art européen.
Dans le cadre d’une collaboration unique entre deux institutions pourtant rivales, cette exposition se partage entre le musée Ludwig de Cologne et la Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen de Düsseldorf. Elle sera ensuite présentée, en version légèrement allégée, à la Hayward Gallery de Londres, puis au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia de Madrid . Ces deux villes n’avaient pas participé à la grande rétrospective Klein de 1982-1983 (à Houston, Chicago, New York et Paris).
Le commissaire de l’exposition est l’historienne d’art américaine Sidra Stich, chargée des archives Klein par Daniel Moquay, second mari de la veuve de l’artiste. Elle a réussi à rassembler une masse d’informations et de documentation afin de mieux distinguer la réalité du mythe construit par l’artiste et prolongé par ses héritiers. Le résultat de ses recherches est publié dans l’imposant catalogue qui accompagne l’exposition (Cantz Verlag).
Joyeux canulars
La rétrospective comprend le Triptyque monochrome réalisé en 1960 – un bleu, un or et un rose – prêté par le Musée Louisiania d’art moderne d’Humlebaek (Danemark). On voit également des photographies documentaires des activités de l’artiste, comme son fameux "Saut dans le vide" au cours duquel l’artiste saute de la fenêtre du premier étage de sa maison de Fontenay-aux-Roses, en octobre 1960, sous l’objectif du photographe officiel Harry Shunk ; mais aussi des éléments étonnants, comme ce reçu donnée par Yves Klein à un collectionneur, en échange de vingt grammes de feuille d’or que l’artiste devait disperser dans la Seine.
On ne trouve par contre aucune des éditions posthumes des moulages en plâtre recouverts de son pigment bleu outremer "I. K. B." (International Klein Blue), que l’artiste a peut-être autorisés avant sa mort en 1962. En revanche, une reconstitution partielle des pièces spécialement aménagées pour la mise en scène de certaines de ses expositions est présentée. Cologne montre ainsi les joyeux canulars des inaugurations à la galerie parisienne Iris Clert, en 1958, et à l’Hessenhuis d’Anvers, en 1959.
Cologne, Musée Ludwig et la KunstÂsammlung Nordrhein-Westfalen de Düsseldorf, jusqu’au 8 janvier. Hayward Gallery, Londres (9 février-23 avril 1995), au Centre Reina Sofia de Madrid (24 mai-29 août 1995).
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Un saut dans le vide
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : Un saut dans le vide