Les générations se succèdent, les bijoux restent. C’est le cas des bijoux de famille, mais aussi des œuvres d’un créateur tel que Gilbert Albert, le joaillier genevois. En ouvrant un musée dans les anciens locaux de la fabrique de montres Gay Frères, rachetée par Rolex, Gilbert Albert voulait que le souvenir de ses artisans – les cabinotiers – ne s’éteigne pas. Non seulement il déplacé ses propres ateliers de la rue de la Corraterie à la rue Adrien-Lachenal, mais il y a reconstitué ceux du passé.
Les générations se succèdent, les bijoux restent. C’est le cas des bijoux de famille, mais aussi des œuvres d’un créateur tel que Gilbert Albert, le joaillier genevois. En ouvrant un musée dans les anciens locaux de la fabrique de montres Gay Frères, rachetée par Rolex, Gilbert Albert voulait que le souvenir de ses artisans – les cabinotiers – ne s’éteigne pas. Non seulement il déplacé ses propres ateliers de la rue de la Corraterie à la rue Adrien-Lachenal, mais il y a reconstitué ceux du passé.
Le visiteur se trouve plongé dans l’ambiance des “cabinets” à l’abri desquels, face à la fenêtre, travaillaient – et protégeaient leurs secrets – les cabinotiers, à savoir les lapidaires (qui furent jusqu’à deux cents à tailler les diamants à Genève), les sertisseurs, les polisseuses, les émailleurs, les bijoutiers et les horlogers. Sont exposés les outils de l’époque dont les noms, inscrits à l’encre sépia, commencent à pâlir sur le livre du temps… Par exemple la drille, qui sert à percer des trous, et dont l’usage ou les usages différents se retrouvent dans le monde entier. Ou encore les filières, destinées à étirer les fils de métal précieux, ou tant d’autres instruments dont les noms résonnent encore dans la mémoire des artisans qui s’en sont servis. Tel Gilbert Albert lui-même durant ses années d’apprentissage, dans un coin d’atelier, face à la fenêtre.
Ouvert depuis l’automne passé, le Musée des cabinotiers genevois réunit les machines surannées et les produits finis : ces bijoux modelés selon les formes de la nature, perles, coquillages, élytres de scarabées ou becs d’oiseaux. Une manière, pour le bijoutier, de revenir non seulement sur l’histoire d’un métier, mais sur sa propre histoire et sa propre évolution. Alors que le métier change – et pourquoi change-t-il ? parce que les techniques changent et que le processus généralisé de concentration et de mondialisation touche également le domaine de la bijouterie –, l’artiste se doit d’innover sans cesse.
Le joaillier genevois évoque le chant du merle entendu à l’aube d’un printemps précoce : “Le merle ne répète jamais deux fois le même trille. De même, le créateur ne peut-il se contenter d’une voie déjà explorée. Cette insatisfaction est garante de sa liberté”. Le musée, où l’on est bien accueilli et où l’on a tout loisir de se pencher sur les métaux qui brillent, se veut donc un hommage à “nos aînés”, notamment à celui qui fut le maître de Gilbert Albert, André Lambert. “J’éprouve de la tendresse pour ces artisans, pour lesquels la chose la plus importante n’était pas de faire fortune, mais d’avoir assez de travail pour le lendemain”, souligne-t-il. On raconte l’histoire de cet ouvrier chargé, en temps de crise, de fondre durant la nuit le produit du travail diurne.
Musée des cabinotiers genevois, 18 rue Adrien-Lachenal, tél. 41 22 311 48 33, mardi-vendredi 11h-18h, samedi 11h-16h.
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Les cabinotiers
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°101 du 17 mars 2000, avec le titre suivant : Les cabinotiers