L’Admical vient de livrer les conclusions de son enquête bisannuelle sur l’état du mécénat d’entreprise en France. Si le chiffre global du mécénat n’accuse qu’une légère baisse, la forte démobilisation des entreprises mécènes n’est pas de bon augure. Les musées, le patrimoine et les expositions en restent cependant les premiers bénéficiaires.
PARIS - « Ce n’est pas tant le chiffre du mécénat qui nous préoccupe, mais le nombre d’entreprises mécènes. » Sur ce constat peu réjouissant, Bénédicte Menanteau, déléguée générale de l’Admical, concluait le 3 avril à Paris la présentation des résultats de l’enquête sur le mécénat d’entreprise réalisée par l’organisation avec le soutien de l’institut CSA. Accusant une légère baisse, le chiffre global du mécénat pour les entreprises de vingt salariés et plus est passé de 1,9 milliard d’euros en 2012 à 1,8 milliard d’euros en 2014. Sans surprise, cette tendance à la baisse vient confirmer les prévisions de l’Admical, formulées à l’issue d’une « étude flash » menée en 2013. Or, comme l’explique Bénédicte Menanteau, cette perte de 5,3 % dans un contexte de crise est moins source d’inquiétude que le net recul du nombre d’entreprises mécènes. Près d’un tiers d’entre elles (31 %) étaient partie prenante en 2012, contre seulement une sur cinq en 2014 (21 %). « Nombre d’entre elles ont été dans la difficulté. La crise est toujours là, structurelle. Admical doit se mobiliser pour continuer à sensibiliser les pouvoirs publics, alerter, informer, et à former les acteurs du mécénat pour inverser cette tendance », plaide la déléguée générale d’Admical.
Ce baromètre bisannuel de l’état du mécénat d’entreprise en France est le cinquième du nom. Nouveauté 2014, l’enquête menée en février a été ouverte à toutes les entreprises mécènes, à partir d’un salarié – les quatre enquêtes précédentes s’intéressaient aux entreprises comptant plus de vingt salariés. Cet élargissement du périmètre offre des résultats plus proches de la réalité, affinés selon trois catégories d’entreprises : les TPE (très petites entreprises, 0 à 9 salariés), les PME (petites et moyennes entreprises, 10 à 249 salariés) et les ETI/GE (entreprises de taille intermédiaire et grandes entreprises, à partir de 250 salariés). L’intérêt de ce découpage est de dégager des tendances significatives, bien connues de l’Admical et ici confirmées par les chiffres. Ainsi les ETI/GE représentent 2 % des entreprises mécènes, mais leur engagement correspond à 56 % du mécénat généré (1,568 milliard d’euros).
Dans une logique inverse, les TPE constituent 79 % des entreprises mécènes, et génèrent 25 % du chiffre global du mécénat en France (700 millions d’euros). Les PME représentent pour leur part 19 % des entreprises et 19 % du mécénat (532 millions d’euros). Plus une entreprise est importante, plus le mécénat sera un élément stable de sa stratégie globale de développement, et plus son engagement correspondra à sa volonté d’exprimer les valeurs de l’entreprise et de contribuer à l’intérêt général. Plus une entreprise sera de taille modeste, et plus son investissement sur le plan local dépendra de la conjoncture. Le budget global du mécénat s’élève donc, en 2014, à 2,8 milliards d’euros – soit 1 milliard de plus, les TPE étant prises en compte. Ces chiffres correspondant à un nouveau périmètre ne seront comparables qu’en 2016, à l’occasion de la prochaine enquête. Or les perspectives annoncées ne sont pas enthousiasmantes : si 65 % du budget devrait être stable, et si seulement 4 % sont prévus à la hausse, la part restante sera supprimée, diminuée ou reste dans l’incertitude.
Les musées et les expositions d’abord
Comme chaque année, le sport se taille la part du lion en mobilisant plus de la moitié des entreprises, mais en ne générant que 5 % du budget global. La culture et le patrimoine arrivent bons troisièmes en matière de budget (13 %, soit 364 millions d’euros), après le social et la santé, en s’accordant les faveurs de près du quart des entreprises mécènes dont une grande majorité d’ETI/GE. Ces dernières trouvent dans la culture un faire-valoir flatteur de leurs préoccupations en termes d’images et de communication. Grâce à leurs moyens importants, elles sont parfois les seules à pouvoir subvenir aux besoins importants requis par certains projets culturels. Pour les PME, les motivations sont autres : elles relèvent de l’intérêt du dirigeant d’une part, de la dimension territoriale d’autre part. Les musées et les expositions, qui dominent la scène, mobilisent à eux seuls 41 % du budget culturel (149,24 millions d’euros) ; ils sont suivis du patrimoine (28 %, 101,92 millions d’euros) qui nécessite lui aussi des sommes importantes dans le cadre de restaurations – les arts plastiques ne représentent que 3 % du budget. En d’autres termes, la culture et le patrimoine représentent la part la plus importante du budget global du mécénat en France. S’en réjouir ou s’en désoler revient à voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. La donnée la plus étonnante de l’étude est la faible proportion des entreprises (45 %) qui ont recours au dispositif fiscal pour déduire 60 % de leurs dons de l’impôt sur les sociétés. Par ailleurs, plus l’entreprise est petite, moins elle défiscalise son don. Peut-être le travail d’information de l’Admical devrait-il se concentrer sur ce point, élément essentiel de la loi sur le mécénat.
L’enquête est disponible en ligne : www.admical.org
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Alerte sur le mécénat d’entreprise
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°411 du 11 avril 2014, avec le titre suivant : Alerte sur le mécénat d’entreprise