Courant novembre, le départ de Tobias Meyer, responsable international du département art contemporain chez Sotheby’s, a fait grand bruit.
Dans la maison depuis 20 ans, le commissaire-priseur a été remercié alors même qu’il venait d’obtenir 285,2 millions d’euros frais compris pour la vente du soir d’art contemporain, plus haut montant jamais atteint par la maison. Mais ces résultats étaient pourtant loin des 515,5 millions d’euros (frais compris) obtenus par la rivale Christie’s… L’événement n’est pas un cas isolé : les départs au sein des deux grandes maisons internationales se multiplient. Ces derniers mois, ont ainsi quitté leurs fonctions ou se sont vus poussés vers la porte Amy Cappellazzo, directrice du développement pour le département art contemporain chez Christie’s, Alexander Platon, responsable des ventes privées pour le département d’art impressionniste et moderne de Sotheby’s Europe, ou Thomas Bompard, directeur du département d’art impressionniste et moderne de Sotheby’s France. Plus dramatique, la presse britannique a annoncé le 22 janvier le suicide de Sophie Trevelyan Thomas, jeune expert chez Sotheby’s Londres, qui se plaignait d’un stress important dans son travail. Trop de pression ?
La performance à tout prix
Mondialisation du marché, concurrence accrue avec la montée en puissance de nouveaux acteurs, actionnaires poussant à une rentabilité toujours plus importante, envolée des prix pour l’art contemporain… L’environnement des maisons de ventes a considérablement évolué ces dernières années, générant sur ces entreprises une pression croissante. Comment cette dernière se traduit-elle en interne ? Marc Blondeau, ex-directeur de Sotheby’s France et pionnier des art advisor dès 1987 dénonce « le stress de la performance au détriment du relationnel » (lire JdA n° 396). Stefano Moreni responsable du département d’art contemporain chez Sotheby’s France concède : « La pression est différente aujourd’hui, c’est un autre univers, mais nous aimons ces poussées d’adrénaline. Le choix des experts est de plus en plus important et notre travail devient beaucoup plus stratégique qu’avant. Nous devons notamment anticiper davantage ce que le marché demande ». L’une des plus grandes difficultés est précisément de mettre la main sur ces œuvres à haut potentiel. « C’est là où se situent la plus grosse pression et la compétition, c’est une véritable danse du ventre pour séduire les acheteurs », explique un ancien collaborateur de Christie’s. Cette course peut pousser les maisons de ventes à annoncer des estimations trop gourmandes et mener à des échecs tel que celui de la récente vente Krugier à New York. « Les garanties promises au vendeur peuvent également englober d’autres services et fonctions : relations clients (choyer les vendeurs), ressources humaines, marketing (newsletters ou vidéo spécifiques) ou encore presse (retombées médiatiques) », poursuit cet ancien collaborateur de Christie’s. Quant aux départements concernés, ils doivent également tenir les estimations grâce à un travail de prospection poussé, dans un environnement où les dés sont jetés en grande partie avant même le déroulement de la vente. La pression est maximale sur les responsables des départements, intéressés aux résultats des ventes, et qui peuvent la répercuter à leur tour sur leurs équipes… La pression, comme le stress, serait communicative.
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Maisons de ventes sous pression
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°406 du 31 janvier 2014, avec le titre suivant : Maisons de ventes sous pression