Le « Journal des Arts » présente son nouvel indicateur de visibilité des artistes. Il permet d’étudier en détail
la place des 2 300 créateurs français recensés par la société Artfacts.
Le monde de l’art – et tout particulièrement celui de l’art contemporain – est friand de classements. Si ceux établis par des sociétés comme Artprice et portant sur le montant réalisé par les différents artistes en ventes aux enchères, par leur exhaustivité, ne posent pas de problèmes, les classements réputationnels, pour leur part, sont davantage sujets à caution. Le plus connu de ces palmarès est le « KunstKompass », dont la première édition remonte simultanément à l’émergence du monde de l’art contemporain. Publié quasi annuellement depuis, dans deux titres allemands successivement, Capital puis Manager Magazin, ce classement des 100 artistes internationaux les plus en vue présente un biais évident en faveur des artistes allemands. Pourtant, le fait que, malgré cette limite, il ait perduré jusqu’à aujourd’hui, montre bien qu’un certain crédit lui est néanmoins accordé par le monde de l’art ; et les artistes qu’il présente comme les plus consacrés sont, par ailleurs, pour leur très grande majorité, des créateurs qui figurent effectivement parmi les plus importants de notre époque. À la suite au départ des responsables du KunstKompass, Capital publie désormais, depuis octobre 2008, un autre indicateur, le « Capital Kunstmarkt-Kompass ». Par ailleurs, voilà une dizaine d’années, le magazine britannique The Artreview a lancé son édition du Power 100, palmarès d’une centaine de personnalités – artistes et autres acteurs du domaine – censées « faire l’art ». Le succès rencontré par ce classement donne lieu lui aussi à une publication annuelle.
Nous aurions pu citer de nombreux autres palmarès publiés de façon ponctuelle pour témoigner de l’engouement qu’ils suscitent. C’est donc conscient d’une certaine attente de son lectorat que le Journal des Arts présente désormais son « Artindex ». Ce classement n’a toutefois de sens que s’il permet d’améliorer significativement l’information dont on disposait jusqu’à présent, ce qui passe par une fiabilité accrue de celle-ci en termes de sources et de méthodologie.
« Points de réseau »
Le résultat obtenu dépendant des opérations qualifiantes et de leur pondération, de quelle façon procède la société Artfacts.net, notre fournisseur de données ? Est retenu un ensemble très large d’instances qualifiantes : galeries d’art contemporain, institutions publiques possédant ou non une collection, biennales et triennales, autres espaces d’exposition temporaire, foires, ventes aux enchères, « art hotels », revues et journaux d’art, éditions, écoles d’art, festivals, associations à but non lucratif, institutions de management en art, ou encore collections privées. L’ensemble est vaste. Sans pouvoir être exhaustive, la recension d’informations très large minimise certains risques de biais éventuels. Si certaines instances apparaissent centrales dans la construction des réputations, d’autres sont assez marginales. Il importe donc que les coefficients affectés à ces différents événements reflètent cela. À cette fin, Artfacts a élaboré un algorithme qui attribue à ces derniers un poids relatif à la notoriété des artistes qui y sont associés. Fondamentalement, ont été affectés des « points de réseau » (tout artiste collectionné par des musées et représenté par des galeries s’est vu attribuer de tels points, ensuite conférés aux institutions qui collectionnent ou représentent les artistes, les points de réseau reflétant la réputation de l’institution concernée). À chaque exposition dans un musée ou une galerie, un artiste accumule des points.
S’il peut sembler déroutant en termes de logique que les institutions et les artistes influencent mutuellement leur propre poids ou classement, l’analyse sociologique a fait ressortir que, dans le monde de l’art contemporain, les artistes et les galeries, tout autant que les artistes et les institutions, contribuent mutuellement à la réputation les uns des autres. C’est précisément l’intérêt de la méthode élaborée par Artfacts que de chercher à rendre compte de cette particularité du monde de l’art contemporain. Contrairement au KunstKompass dans lequel l’importante part de subjectivité dans la détermination des coefficients introduit des biais considérables en surévaluant la part de l’Allemagne, les coefficients attribués aux lieux ne sont ici pas fixes et subjectifs, mais produits et régulièrement actualisés par l’algorithme en fonction de la certification qu’ils confèrent par les artistes auxquels ils sont associés.
70 263 artistes vivants recensés dans le monde
Signalons que si le classement principal est établi en fonction des points accumulés sur une longue période, au final, le lien est fort avec les points accumulés la dernière année, car… le succès va au succès.
Nous avons choisi de reprendre les informations telles qu’elles nous ont été communiquées, même s’il peut exister des erreurs ponctuelles, comme sur la question de la nationalité (en cas de double nationalité notamment). Néanmoins, vu l’ampleur de la base de données, ceci ne saurait affecter les résultats d’ensemble.
Enfin, en l’absence de parfaite transparence sur les opérations dont elle résulte (mais avec une connaissance de la procédure globale qui nous semble ici opératoire), une méthode se juge aussi au résultat qu’elle produit. Grâce à une nette amélioration des procédures, l’Artindex permet d’éclairer sous un jour nouveau le monde de l’art contemporain, même si le fait de dévoiler une partie de la réalité sociale en l’objectivant ne manquera pas d’irriter certains acteurs. En recensant leurs expositions, Artfacts a identifié 70 263 artistes vivants dans le monde, dont 2 300 artistes français. Toutefois, compte tenu de l’ampleur de la tâche, la société n’a pas encore recensé les plus anciennes exposititions, problème qui devrait se résoudre progressivement. L’Artindex propose, pour la première fois, d’étudier plus en détail la place des recensés.
Le Journal des Arts invite ses lecteurs à découvrir en exclusivité les chiffres et les analyses les plus marquants.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
L’Artindex et sa méthodologie
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Quelle place pour les artistes français ?
Art Basel, boussole du marché
Projets contre projets
L'Hexagone tient son rang
Artindex France
Classement des 2 300 artistes français
Ce que révèle l’Artindex France
Des étrangers très français
Questions de méthode
Artindex Monde
Le monde de l’art
Un partenariat avec Artfacts.net
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°371 du 8 juin 2012, avec le titre suivant : L’Artindex et sa méthodologie