Les galeries françaises restent bien implantées dans les différents secteurs d’Art Basel,où elles reviennent avec de solides arguments.
Les galeries françaises n’ont pas à rougir. Avec une trentaine d’enseignes retenues par le comité de sélection – exclusivement parisiennes hélas, à l’exception de Continua ! (Boissy-le-Châtel, Seine-et-Marne) –, elles représentent cette année quelque 10 % du total du contingent bâlois ; une présence honorable, d’autant que la plupart arrivent solidement armées.
C’est d’entrée sur la plateforme « Art Unlimited » que certaines vont tenter de se distinguer. Ainsi Air de Paris, qui, en partenariat avec Zero (Milan), annonce un projet du Japonais Shimabuku, lequel a longuement séjourné en France récemment, ainsi qu’un film de Brice Dellsperger projeté en collaboration avec Team Gallery (New York). Art : Concept montrera Exodus, film en 3D de Jeremy Deller, tout récemment désigné pour représenter la Grande-Bretagne à la prochaine Biennale de Venise. Le spectateur effectue ici une sorte de plongée en apnée au sein d’un vol de chauves-souris. Yvon Lambert, qui sur son stand du secteur général prévoit notamment une spectaculaire installation de Jenny Holzer, met à l’honneur sur « Art Unlimited » le jeune Israélien Ariel Schlesinger. Ce dernier, tout à son idée de danger latent et jamais clairement identifié, montrera une installation vue il y a quelques mois au Kunstverein Braunschweig (Allemagne), et composée de bonbonnes de gaz au-dessus desquelles s’agite une flamme. Après un début de collaboration à l’automne dernier, Nelson-Freeman (avec Peter Freeman, Inc., New York) réserve un espace au sculpteur britannique Richard Wentworth tout en envisageant pour son stand un temple de Thomas Schütte, une impression de Lucy Skaer et un grand frottage d’un plan de Paris par Matt Mullican.
Les Vallois reviennent avec « Pénélope »
En extérieur, dans le cadre du « Art Parcours », Kamel Mennour exposera le Ring of Fire (2011) de Claude Lévêque, soit une caravane constellée d’étoiles lumineuses juchée sur une colonne de parpaings de 3 mètres de haut.
Après une longue absence, Georges-Philippe & Nathalie Vallois effectuent dans le secteur « Art Feature » un retour qui pourrait être remarqué, en consacrant leur stand au film expérimental abstrait Pénélope, inspiré par Matisse et la lumière méditerranéenne, sur lequel travaillèrent ensemble Raymond Hains et Jacques Villeglé au cours des années 1950. Outre quelques séquences inédites du film demeuré inachevé, seront exposés des gouaches et collages préparatoires, ainsi que des photographies et carnets. In Situ-Fabienne Leclerc les rejoint avec le Béninois Meschac Gaba, récemment vu à la Triennale, à Paris, qui avec une série de coiffes tressées artisanales aux motifs très symboliques s’amuse de l’ambiguïté du terme « couvre-chef » pour dépasser le stade capillaire au profit d’une réflexion sur la pensée en même temps que sur le leadership politique ou économique.
Quelques autres font leur retour sur « Art Statements », à l’instar de Balice Hertling avec une installation du Suisse Reto Pulfer, et de Jocelyn Wolff qui confie son stand à Élodie Seguin. Celle-ci se propose de diviser l’espace en deux parties au moyen d’une grande vitre dont une moitié restera inaccessible au public, contraignant ainsi la perception de son contenu, des peintures murales.
Un stand Arte povera
Dans la section générale, c’est la diversité qui prévaut, particulièrement chez les poids lourds du marché, qui ont coutume d’exposer un panachage de leurs écuries. Chantal Crousel arrivera ainsi avec une boîte à musique d’Anri Sala inscrite dans une fenêtre, à l’image de celle actuellement visible dans son exposition au Centre Pompidou. Elle apporte aussi un globe en verre posé sur une surface en miroir de Melik Ohanian ou un beau tableau de Jennifer Allora & Guillermo Calzadilla composé de panneaux photovoltaïques brisés. Nathalie Obadia entend faire se confronter artistes émergents et pointures historiques, dans le cadre d’une réflexion sur l’abstraction mettant aux prises Michael DeLucia et Frank Nitsche face à Martin Barré et Jessica Stockholder.
Tandis qu’Emmanuel Perrotin promet de nouvelles peintures de Bernard Frize réalisées avec un mélange d’acrylique et de résine sur toile, accompagnées de travaux de Bharti Kher, Jean-Michel Othoniel ou Elmgreen & Dragset, Daniel Templon met l’accent sur la sculpture avec des travaux de Tunga, Anthony Caro, Chiharu Shiota ou Sudarshan Shetty.
Natalie Seroussi consacre son stand à la création de la Péninsule, avec un focus important sur l’Arte povera et les démarches privilégiant les gestes créateurs à l’objet. Alberto Burri y sera à l’honneur avec un sac en toile de jute monté sur panneau de 1954. L’on y retrouvera aussi Lucio Fontana, Claudio Parmiggiani, Michelangelo Pistoletto ou Enrico Castellani. De son côté, gb agency proposera le dernier film de l’Israélien Omer Fast ainsi que des installations de Roman Ondák et de Pia Rönicke jouant avec l’espace du stand.
Les spécialistes de la photographie ne sont pas en reste, parmi lesquels François Sage qui annonce un accrochage prenant la fleur pour sujet. Y figurent des images d’Andy Warhol, un portfolio de Robert Mapplethorpe, des tirages anciens de Daido Moriyama et Imogen Cunningham ou une photo de William Henry Fox Talbot figurant un motif de dentelle à l’apparence florale (vers 1840). Sa consœur Françoise Paviot s’attachera en particulier aux avant-gardes avec de beaux clichés de László Moholy-Nagy et de Man Ray, dont un splendide autoportrait surréaliste (Self Portrait (Still Life with Rayograph and Surrealist Objects, 1932), mais aussi un étonnant verre sur papier salé de Camille Corot figurant La Jeune Fille et la Mort (vers 1855).
Les éditions d’artistes seront mises en exergue par la Galerie de multiples ou MFC-Michèle Didier, laquelle apporte des albums-collections d’Annette Messager, un Ephemera de Christian Marclay et un néon de Maurizio Nannucci, What to Say, What not to Say : que dire, que ne pas dire, c’est là toute la question en effet…
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°371 du 8 juin 2012, avec le titre suivant : L’Hexagone tient son rang