Le LaM rend hommage au critique d’art et marchand allemand qui a soutenu les œuvres de ces « génies du cœur et de l’intuition » célébrés pour leur capacité à « intensifier le réel ».
Villeneuve D’Asq. Rien dans l’héritage culturel et le parcours estudiantin de Wilhelm Uhde (1874-1947), fils de notable prussien et licencié en droit, ne le destinait à devenir l’un des hérauts de l’art d’avant-garde. Il a pourtant contribué à faire connaître deux courants artistiques, qui ont marqué l’histoire : le cubisme et « l’art naïf ». « Écrivain d’art » – c’est le terme qu’il employait – collectionneur, courtier et galeriste intermittent, il s’est employé à faire la promotion de Picasso en lui faisant rencontrer son futur marchand, Daniel-Henry Kahnweiler, puis celle de Balthus en l’introduisant auprès de Pierre Loeb en 1933. Il a été le premier, en 1908, à offrir une exposition personnelle au Douanier Rousseau, le premier aussi à repérer le talent de Séraphine de Senlis en 1912.
« De Picasso à Séraphine, Wilhelm Uhde et les Primitifs modernes » épouse l’itinéraire singulier de ce fils d’une famille bourgeoise protestante luthérienne, depuis sa rencontre avec Picasso en 1905 à la publication de son livre Cinq maîtres primitifs : Rousseau, Vivin, Bombois, Bauchant, Séraphine publié en 1947. Le parcours du Lille métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut (LaM) est scindé en trois parties mi-chronologiques, mi-thématiques : il débute dans le Paris de la Belle Époque, que l’Allemand découvre en 1904 et où il s’emploie, dans l’entre-deux-guerres, à assurer la promotion de ses Maîtres primitifs (deuxième section), partant en quête d’une autre forme d’art (troisième section) pour sortir de l’intellectualisme, du spectre de l’analyse et de la raison.
La première salle s’ouvre sur des œuvres de Braque et Picasso, avant de pénétrer dans le vif du sujet avec celles d’Henri Rousseau, dont il s’est fait le passeur. Nourri des Primitifs florentins, Uhde veut renouveler la peinture qui lui paraît « entravée » en misant sur des artistes qui privilégient la simplification des formes : Camille Bombois, Louis Vivin, André Bauchant, Séraphine de Senlis, Émile Boyer et René Rimbert. Il les réunit, en 1928, dans une exposition intitulée « Les peintres du cœur sacré », allusion au Sacré-Cœur – que Vivin et Bombois ont représenté – qui trahit sa nature mystique. En 1932, tous se retrouvent à la galerie Bernheim cette fois-ci, dans un show baptisé « Les Primitifs modernes ». Auteur de nombreux textes consacrés à ses poulains, il se fera le chantre, jusqu’à sa disparition en 1947, de ces artistes dans lesquels il voit, après avoir traversé deux conflagrations mondiales, l’expression « d’une humanité restée intacte ».
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Wilhelm Uhde, le promoteur des primitifs modernes
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Abonnez-vous dès 1 €Séraphine Louis, Bouquet de fleurs, 1930-1931, Ripolin sur panneau, 35,1 x 29,1 cm, LaM, Villeneuve d’Ascq © Photo : P. Bernard.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°488 du 3 novembre 2017, avec le titre suivant : Wilhelm Uhde, le promoteur des primitifs modernes