Voyage en compagnie de Flaubert

Ce texte, composé comme un tableau aux couleurs d’Orient, flamboyant de sensations, ressuscite l’opulente cité punique, que l’on voit anéantir ceux qui l’avaient pourtant défendue contre Rome, au IIIe siècle avant J.-C. Dans ce monde antique auquel Flaubert a insufflé une vie nourrie par ses lectures, ses voyages en Méditerranée et sa mélancolie – « Peu de gens devineront combien il a fallu être triste pour ressusciter Carthage ! », écrit-il –, Salammbô, prêtresse de Tanit, et Mâtho, chef des mercenaires révoltés, s’éprennent tragiquement l’un de l’autre. Si ce roman-là ne mène pas Flaubert au tribunal comme le précédent, son impact sur la littérature et les arts est considérable, comme il l’est aussi sur l’archéologie, puisqu’il stimule les fouilles à Carthage. C’est le souffle de cette explosion que met en lumière l’ambitieuse exposition « Salammbô. Passion ! Fureur ! Éléphants ! », organisée à l’occasion du bicentenaire de la mort de l’écrivain : près de 350 pièces nous font voyager avec Salammbô dans l’espace et dans le temps, des trésors archéologiques de l’époque punique des musées du Bardo et de Carthage à la bande dessinée et au cinéma contemporains, en passant par la peinture orientaliste.