Société

ARTS DÉCORATIFS

Trois siècles de table à la française

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · Le Journal des Arts

Le 19 janvier 2022 - 434 mots

Un nouveau lieu d’exposition à Draguignan raconte un art de la table qui a évolué au fil des modes et usages depuis le XVIIe siècle.

Draguignan (Var). Près de 450 objets réunis par l’Hôtel départemental des expositions de Draguignan offrent un voyage dans l’histoire de la table française, des pratiques culinaires quotidiennes aux repas gastronomiques. « L’exposition est axée sur l’histoire des usages de la table française du XVIIe siècle à nos jours, racontée par les objets et par une abondante littérature qui rend compte de ces codes », précise Pierre Provoyeur, co-commissaire de l’exposition. Car c’est à partir du XVIIe siècle, sous Louis XIV, que la table se développe au sens moderne du terme et qu’en 1770 la salle à manger apparaît dans la maison. Un art de la table « à la française » se généralise alors, faisant office de référence dans toute l’Europe jusqu’au Premier Empire.

Le « Souper fin » reconstitué

Le parcours s’ouvre sur une présentation d’objets du XVIIIe siècle, classés par fonction. Les porcelaines raffinées du prince de Rohan côtoient diverses pièces de faïence d’un registre plus populaire. Une reconstitution de la salle à manger du Souper fin, gravure de 1781 d’après Moreau le Jeune, permet de mieux comprendre les usages en vogue à la table bourgeoise.

La Révolution vient ensuite bouleverser les usages. Le style néoclassique se répand. Des pièces dorées de la manufacture de Nast sont disposées devant un papier peint panoramique, suivant le goût des salles à manger des années 1810. L’apparition des Expositions universelles entraîne une multiplication des types de couverts et d’accessoires. Exemplaire de la fin du siècle avec ses assiettes signées Félix Bracquemond, une table reconstituée souligne le glissement opéré de l’éclectisme vers l’Art nouveau.

Au dernier étage est présentée une table de style Art déco, sur laquelle trône l’inédit surtout « Dauphin » réalisé par Christofle en 1925. Elle côtoie la reconstitution d’une table du paquebot Normandie de 1935. À partir des années 1960, sous l’influence du design, les objets deviennent prétexte à des créations variées, dénuées de fonction précise, à l’instar du service à thé composé de demi-tasses conçu par l’artiste Arman ou du presse-citron s’apparentant à une sculpture créé par Philippe Starck.

Situé en plein centre-ville, l’Hôtel départemental des expositions du Var a ouvert en avril 2021. Doté d’un espace d’exposition de 650 m2, il est installé dans l’ancien siège des Archives départementales, une bâtisse du XIXe siècle dont la façade a été entièrement conservée, malgré les travaux d’envergure réalisés à l’intérieur du bâtiment par l’architecte Frédéric Pasqualini. Près de 7 millions d’euros ont été investis par le conseil départemental pour la création de ce nouveau lieu.

La table, un art français du XVIIe siècle à nos jours,
jusqu’au 6 mars, Hôtel départemental des expositions du Var, 1, bd Maréchal-Foch, 83300 Draguignan.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°581 du 21 janvier 2022, avec le titre suivant : Trois siècles de table à la française

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