Tout simplement inhumain

C’est peu dire que l’exposition conçue par le commissaire indépendant donne du grain à moudre. Elle a par ailleurs le mérite de faire passer les spectateurs par différents états d’âme en un claquement de doigts, de la fascination au malaise, voire à l’angoisse. Un yoyo émotionnel dicté par l’angle de l’exposition qui explore la possibilité d’un univers dans lequel l’homme n’existerait pas, ou plus. Ce sujet, qui trouve des résonances fortes avec l’obsession actuelle pour l’anthropocène autant que dans la crainte millénaire des catastrophes naturelles, est le terreau fertile à une réflexion philosophique, mais surtout à une réunion pertinente d’œuvres d’art. Évidemment, on peut discuter quelques choix comme, par exemple, la présence de certains artistes et l’absence regrettée d’autres. Toutefois, on ne peut que saluer l’audace d’un projet original qui assume un vrai parti pris, quitte à prendre le risque de déstabiliser le public. Le parcours fait en effet le grand écart entre des œuvres très populaires signées Monet, De Chirico ou encore Yves Klein et des propositions plus pointues abordant, notamment, la question de l’intelligence artificielle. Même au sein du genre pourtant galvaudé du paysage, on découvre quelques pépites, comme La Vague de Courbet qui hypnotise littéralement.