Mine de rien, lorsqu’on regarde une image de Thomas Demand, simple, dépouillée, aux limites de la banalité, on ne voit rien.
Pourtant, tout ce que l’on voit a été fabriqué à la main, pas une particule n’échappe au contrôle obsessif de l’artiste. « Une intentionnalité totale », comme l’a fait remarquer le célèbre Michael Fried lors de l’inauguration de l’exposition en janvier dernier à la DHC/Art de Montréal.
Ce précisionnisme quasiment maladif explique sans doute qu’il aura fallu cinq années pour mettre sur pied l’exposition « Animations » principalement consacrée aux films de l’Allemand. Pour ces courts opus en stop-motion, il ne s’agit plus de fabriquer une seule image en papier et carton à l’échelle 1, mais bien vingt-quatre images par seconde. Ainsi, Pacific Sun, son tout dernier film montrant une tempête en pleine mer, séquence filmée par une caméra de surveillance sur un bateau de croisière et récupérée sur le net, aura-t-il requis deux mille quatre cents images et quinze mois de travail.
À l’heure du numérique et du tout-pixel, l’abnégation de Demand démonte chaque particule des images pour en reconquérir la vérité. Il faut alors ne pas s’arrêter à la sécheresse de la proposition afin d’expérimenter pleinement cette exigence, revoir encore et encore les objets chuter, le mobilier osciller dans une cafétéria sans clients. Tout personnage rendrait la scène anecdotique, et Demand ne semble vraiment pas client de ce genre de facilité. Au visiteur de rester sur ses gardes et d’exercer son regard
« Animations », DHC/Art, 451 et 465, rue Saint-Jean, Montréal (Canada), www.dhc-art.org
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Thomas Demand en quête de vérité
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°656 du 1 avril 2013, avec le titre suivant : Thomas Demand en quête de vérité