Dans cette peinture qui se veut sans préjugés, l’essentiel n’est pas l’atmosphère, le frémissement de la couleur […]. C’est la présence des corps, la réalité massive et détaillée de l’objet. La trouvaille fut de la révéler par le contraste majeur, celui de la lumière et de l’ombre. » Cette analyse de l’art de Caravage par André Chastel pourrait tout autant s’appliquer à celui de Rembrandt, au regard des œuvres présentées dans l’exposition.
Un même intérêt pour l’être humain, une peinture profonde basée sur l’émotion, un goût commun pour les contrastes puissants et les effets de lumière, telles sont les caractéristiques qui frappent d’emblée.
Comme chez Caravage, il y a dans la peinture de Rembrandt une dimension intemporelle. Héros, divinités et thèmes religieux trouvent leur place chez l’un comme chez l’autre. Mais le mythe, revisité, s’efface au profit de l’homme dans une peinture tournée vers le quotidien, fixant un temps précis qui paradoxalement devient universel.
Profondeur psychologique
Le Souper à Emmaüs de Caravage est mis en regard avec Le Festin de Balthasar de Rembrandt (cf. p. 103), qui transforme l’épisode de l’Ancien Testament en drame. Si la femme de dos reprend la posture d’un personnage de Véronèse dans L’Enlèvement d’Europe, l’éclairage de la scène, la composition avec le dynamisme donné par deux diagonales, la mise en scène des personnages, l’intensité dramatique rappellent le Caravage. Chez l’un comme chez l’autre, le plus remarquable est l’étude de la lumière, qui éclaire une seule partie de la scène, créant de forts contrastes. Une attention particulière est portée aux regards et à leur profondeur psychologique. Preuves en sont Judith et Holopherne du Caravage ou Le Reniement de saint Pierre de Rembrandt.
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Rembrandt Caravage, les maîtres de la couleur, de l’ombre et de la lumière
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°578 du 1 mars 2006, avec le titre suivant : Rembrandt Caravage, les maîtres de la couleur, de l’ombre et de la lumière