À la lecture du titre, « Other Primary Structures », on pouvait se dire que le Jewish Museum cédait lui aussi à la tentation de la reconstitution, puisqu’il reprenait en partie le titre d’une exposition historique, « Primary Structures », réalisée précisément dans ce musée en 1966. Kynaston McShine était commissaire à l’époque de cette exposition qui rassemblait la fine fleur américaine et britannique de la nouvelle sculpture.
La très bonne idée du commissaire Jens Hoffmann est d’observer le contexte dans lequel « Primary Structures » a créé un précédent en canonisant immédiatement l’art minimal anglo-saxon. Et de se rendre compte que de brillantes scènes artistiques, notamment sud-américaines, témoignaient exactement en même temps d’une appétence similaire pour le renouvellement du vocabulaire sculptural. De cette exposition héroïque reste une modélisation visible dans une des salles où trône la maquette immaculée du musée et, comme dans une maison de poupée, visible à travers les fenêtres, l’accrochage de McShine. Les vues sont épatantes et laissent une impression d’avant-gardisme saisissante. Dans l’espace réel du Jewish Museum, des images en noir et blanc déployées à la taille des murs témoignent de ces moments de bravoure esthétique. Devant elles, Hoffmann expose les contemporains pour certains méconnus de cet événement. Et l’adéquation est tout simplement magistrale avec les reliefs peints du Brésilien Willys de Castro, les sculptures de mousse du Philippin David Medalla (plus connues), une pyramide de Norberto Puzzolo ou les surfaces peintes d’Alejandro Puente, tous deux Argentins. Parmi les noms plus familiers de ces représentants d’une approche globalisée de la sculpture par ses structures primaires, les Brésiliens Lygia Clark, Hélio Oiticica et Lygia Pape complètent des tableaux tous très convaincants. Le 25 mai prochain, l’accrochage laissera place à une seconde vague d’artistes, originaires d’Asie, d’ex-Yougoslavie, du Moyen-Orient, qui à la fin des années 1960 ont démontré leur désir simultané de bousculer les codes de la sculpture à partir de ces fondements. Une leçon d’histoire qui ne donne pas l’impression de passer un examen et laisse un si puissant sentiment de stimulation, c’est rare.
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Refaire l’histoire
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Abonnez-vous dès 1 €Jewish Museum, 1109 5th Avenue at 92nd Street, New York (États-Unis)
www.thejewishmuseum.org
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°668 du 1 mai 2014, avec le titre suivant : Refaire l’histoire