Quand Lyon se rêvait centre du monde

S’inspirant de ce qui a eu lieu à Dresde, il prend pour thème central de l’exposition la gestion de la vie collective dans l’idée de parvenir à une société plus salubre et plus égalitaire. Il fédère les décideurs locaux et s’appuie sur l’architecte Tony Garnier, concepteur de l’édifice emblématique de la manifestation, le Grand Hall. Il invite au bord du Rhône un concert de nations. Sur 75 hectares autour de cette structure de fer et de verre, la Russie, la Perse, le Brésil, l’Italie, le Japon, parmi d’autres pays, exposent leur savoir-faire, qu’il soit artisanal, patrimonial, culinaire ou scientifique. L’Allemagne bâtit un pavillon imposant mais évite le « kolossal ».

À côté de l’espace colonial, la France met autant en valeur ses derniers modèles d’automobiles et sa technique métallurgique que son horticulture et ses soieries. Un village alpin et sa forêt sont reconstitués, un petit train circule partout. Le cinématographe avec Pathé, la peinture avec des œuvres de Matisse, Van Dongen, Marquet, Picasso et Lhote sont aussi représentés. Les visiteurs affluent. Le succès est indéniable. Il est hélas enrayé par la mobilisation arrivée par surprise. L’exposition ferme le 11 novembre 1914.

Pour mesurer ce que fut à l’époque cet événement extraordinaire, le visiteur a la possibilité de découvrir un grand nombre de documents historiques, plans, pièces de collection, photos et maquettes rarement ou jamais montrés, qui mettent en avant le rôle clairement novateur de Lyon en faveur du progrès social. Parcours à la fois sérieux et distrayant qui offre en plus de beaux « objets phares », comme une audacieuse affiche de 1911 signée Franz von Stuck, acteur de la Sécession munichoise et un élégant catalogue Art déco des camions Berliet.