Art contemporain

Paris-7e

POP POP POP en Amérique du Nord

Musée Maillol - Jusqu’au 21 janvier 2018

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 26 octobre 2017 - 457 mots

PARIS

Ironiques, caustiques, parfois carrément cyniques, les soixante-cinq œuvres de vingt-quatre artistes nord-américains classés « pop artistes » présentées au Musée Maillol ont pour la plupart les caractéristiques habituellement associées au pop art : couleurs aux surfaces bien délimitées, formes simplifiées, et toujours des références facilement identifiables aux images de la culture dite populaire : publicité, roman-photo, bande dessinée, objets manufacturés…

À mille lieues de la liberté gestuelle de l’expressionnisme abstrait américain qui fut à son apogée à la fin des années 1950, l’énorme importance accordée par les artistes pop à la maîtrise et au contrôle minutieux des processus de fabrication des œuvres se manifeste ici avec évidence. Ce qui n’empêche pas une très grande variété de moyens et de techniques faisant surgir des œuvres fortement différenciées. Une première salle à la scénographie propre et épurée ouvre le parcours de l’exposition avec les travaux de Roy Lichtenstein (1923-1997), l’un des artistes les plus emblématiques du pop art. Gold Fish Bowl, une sculpture en bronze peint et patiné réalisée en 1977, référence évidente aux Poissons rouges de Matisse, interroge les incertaines frontières entre culture « savante » et culture « populaire ». Landmark, une lithographie réalisée en 1968 par Robert Rauschenberg (1925-2008), autre grand précurseur du pop art, présente des particularités rares dans cette exposition : les images n’apparaissent pas froides, précises, et l’on y découvre l’unique présence, dans toute l’exposition, d’un Afro-Américain. Un peu plus loin surgissent les rigoureuses peintures d’un artiste moins connu en Europe, Allan D’Arcangelo (1930-1998). Lui s’affirmait comme un artiste pop pur jus : « L’aspect particulier de mes peintures vient de ce que j’ai adopté des techniques de travail directement en opposition avec les saints canons de l’expressionisme, abstrait ou non. Elles sont sans gestuelle, sans travail du pinceau, sans modulation de couleur, sans mysticisme et sans angoisse personnelle […]. Il s’agit d’une œuvre en grande partie préconçue, dont l’exécution est relativement mécanique. » Tout aussi « maîtrisées », les images de Tom Wesselmann (1931-2004), de John Wesley (né en 1928) ou de Mel Ramos (né en 1935) ne se révèlent pas en aussi vive liberté créatrice que les recherches de Jasper Johns (né en 1930), de Jim Dine (né en 1935) ou de l’auteur d’un énorme cendrier en trois dimensions débordant de mégots, Claes Oldenburg (né en 1929). Seules deux artistes femmes figurent dans cette exposition dont toutes les œuvres proviennent des collections du Whitney Museum of American Art de New York, créé en 1931 par Gertrude Vanderbilt Whitney (1875,1942), sculptrice et l’une des plus importantes collectionneuses d’art moderne américain. Marilyn Pursued by Death (1963), peint un an après la mort de Marilyn Monroe par Rosalyn Drexler (née en 1926), et Istrian River Lady (1974), peint par Christina Ramberg (1946-1995), apportent un éclairage rare sur la possibilité d’être femme et artiste pop.

 

« Pop art, Icons that Matter, Collection du Whitney Museum »,
Musée Maillol, 59/61, rue de Grenelle, Paris-7e, www.museemaillol.com

 

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°706 du 1 novembre 2017, avec le titre suivant : POP POP POP en Amérique du Nord

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque