« Humble servante » des arts et des sciences pour Baudelaire, la photographie est devenue, en deux siècles, un art à part entière qui, né par le portrait, voit son avenir se dessiner dans « l’humain ».
La photographie a apporté son lot de metteurs en scène du néant, artistes aux clichés sans homme et sans âme. Mais il y a aussi ceux, à l’image de Dieuzaide, qui ont insufflé de l’humanisme à l’esthétique.
La photo permet de dépeindre une expression sur le vif, usant de ses procédés comme les peintres des pigments. Ainsi Desiree Dolron ne cache pas son utilisation de la tradition picturale pour construire ses photos, dans lesquelles la frontière entre la vie et la mort est floue, mais où la composition est nette.
Une querelle des anciens
Grâce à une poignée d’artistes, la photographie est parvenue au fil des années à se hisser au rang de discipline artistique. La partie était pourtant loin d’être gagnée quand, en 1862, Ingres signait la pétition « Contre toute assimilation de la photographie à l’art ». La querelle ne fut pas sans rappeler celle des arts mécaniques et libéraux qui agita le xvie siècle.
Si, comme Rodin, beaucoup de réfractaires voyaient « l’artiste comme véridique et la photographie comme menteuse », d’autres peintres se sont saisis de l’outil comme un moyen de régénérer leur
regard et leurs compositions. Dès 1839, Paul Delaroche reconnaissait en la photo « un immense service rendu aux arts ».
Nombreux furent les peintres à recourir aux procédés photographiques. L’innovation du cliché instantané au gélatino-bromure d’argent, vers 1890, a séduit un Klimt posant sous l’objectif d’Anton Josef Trcka. Il a aussi offert à Bonnard de capter la fragilité de ses modèles avant de les coucher sur la toile. Ce dernier, interrogeant Henri Cartier-Bresson sur les motivations à déclencher son Leica se vit répondre : « J’ai appuyé sur le déclencheur pour les mêmes raisons qu’à cet endroit vous avez apposé une touche de jaune. »
Beaucoup de photographes se sont essayés aux constructions abstraites, s’adaptant aux attentes d’un public tourné vers une idée de la modernité. Mais le genre reste limité. La photographie est née avec le portrait et elle évolue avec lui. Nombre d’artistes contemporains jouent d’ailleurs de l’interaction peinture/photographie/portrait, à l’image de la mise en abyme de Ger Van Elk, dont la photo rappelle Vermeer et le triple autoportrait de Norman Rockwell.
Si la peinture explore des moyens d’expression moins figuratifs, la photo ne cesse d’enrgistrer le réel centré sur l’humain.
Informations pratiques Le Mois de la photo est organisé par la Maison européenne de la photographie et se déroule à Paris durant tout le mois de novembre. Thème de cette année : « la page imprimée ».
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Photographie-peinture
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°585 du 1 novembre 2006, avec le titre suivant : Photographie-peinture