Souvent rattaché au surréalisme belge bien qu’il n’ait jamais revendiqué cette appartenance, Paul Delvaux (1897-1994) est aussi connu comme le peintre des gares.
Cette passion pour l’univers ferroviaire qui irrigue une grande partie de son œuvre n’avait toutefois jamais fait l’objet d’une étude approfondie. C’est chose faite grâce à l’initiative du Train World d’accueillir une exposition dédiée à cet artiste belge, à travers une cinquantaine de pièces issues du Musée de Saint-Idesbald qui lui est dédié et de collections privées. L’exercice relevait d’une véritable gageure pour la commissaire, Camille Brasseur, qui a dû insérer les œuvres dans les salles d’expositions permanentes du World Train consacré à l’histoire des chemins de fer belges. Un petit cabinet a été aménagé pour accueillir les œuvres les plus fragiles (peintures sur bois des années 1920, aquarelles des années 1930…), mais le reste du parcours se déploie dans les immenses salles de l’ancienne gare de Schaerbeek. Le dialogue avec le patrimoine ferroviaire qui les entoure est pourtant si évident que les peintures semblent être là depuis toujours. La plupart de ces peintures, peintes entre les années 1940 et 1960, appartiennent à la maturité picturale de Delvaux qui a alors parfaitement intégré l’univers ferroviaire dans sa peinture, à la fois poétique et mystérieuse. Des wagons aux panneaux signalétiques, loin d’être seulement anecdotiques, tous ces éléments participent de l’onirisme puissant à l’œuvre chez Delvaux. Véritable obsession même après sa disparition en 1966, la locomotive à vapeur semble trahir une mélancolie face à un monde en perpétuelle mutation. Les trains, « ce sont des choses que j’ai toujours aimées depuis mon enfance. Les objets d’enfance demeurent vivaces », confie Delvaux dans un montage d’images vidéo qui clôture le parcours.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°731 du 1 février 2020, avec le titre suivant : Paul Delvaux, amoureux fou des trains
