Nostalgie du cirque d’antan

Avec Vincent Giovannoni, conservateur responsable du pôle Arts du spectacle au MuCEM, ils ont rassemblé environ 600 œuvres et objets dans une exposition pensée comme une installation monumentale. Une fois passé le vestibule du bonimenteur, le visiteur se retrouve, étourdi et sans savoir où poser le regard, face à un grand plateau ouvert de plus de 1 000 m2. Il peut ainsi déambuler dans l’espace pour se créer « son propre spectacle », « sans aucune injonction », affirme Macha Makeïeff. La scénographie a été savamment pensée par l’artiste, avec trois pistes, un long podium qui structure la diagonale de l’espace, des stands sur le côté, et quelques espaces dans lesquels pénétrer (la loge et le cagibi). Le visiteur ne sait pas toujours bien où donner de la tête, mais il se retrouve embarqué au cœur de la fabrique du spectacle, sa magie, sa fantaisie, sa féerie, voire sa mystique, mais également dans l’envers du décor – notamment la précarité de la vie des saltimbanques. Au gré de la déambulation, s’égrènent des noms célèbres (les frères Fratellini, Laurel et Hardy, Agnès Varda…) et aussi des figures oubliées. Une des forces de l’exposition est d’avoir mis tous les objets, des plus prosaïques aux toiles de maîtres, au même niveau. Se côtoient ainsi des éléments de décors récupérés, des animaux empaillés sortis de l’atelier de Macha Makeïeff, des extraits de films (Wim Wenders, Charlie Chaplin…), des costumes de la Maison Vicaire, des tableaux de Georges Rouault, des aquarelles de Gérard Traquandi ou encore une Nana de Niki de Saint Phalle. « En piste ! » est une déclaration d’amour au monde du spectacle et un émouvant hommage à toutes les personnes qui le constituent. La dimension nostalgique est cependant pesante, et on déplore que l’exposition reste résolument tournée vers le passé et ne semble pas faire grand cas de l’avenir.