Nicolas de Staël, bienvenue dans le nord

On découvre au Havre ses paysages du Nord. À l’occasion du centième anniversaire de la naissance de Nicolas de Staël, le Musée André Malraux (MuMa) bouleverse donc notre regard sur ce « prince foudroyé » que l’on croyait bien connaître depuis la rétrospective au Centre Pompidou en 2003. Cette exposition est la première consacrée à ses paysages. Près de cent trente œuvres – dont la plupart, provenant de collections privées et de musées américains, n’ont jamais été vues en France – retracent la quête d’absolu de Nicolas de Staël dans les dernières années de sa vie, de 1951 jusqu’à son suicide en 1955. Pendant ces années au cours desquelles il découvre la Sicile et Antibes, où il s’installe pour peindre, celui qui voyage aussi sur la côte normande ne cesse de confronter les couleurs irradiantes de ces régions aux lumières du Nord. Elles ne sont pas moins vibrantes. Aussi, tandis que le ciel de Honfleur se déchire sous nos yeux de rouges, de bleus, de jaunes épais, tandis encore que le vert et les bleus d’une plage de Dieppe se répondent, le Fort carré d’Antibes, lui, l’année de la mort de Staël, se dilue dans ses gris sombres et menaçants. « Notre père aurait été heureux ici », aurait confié l’un de ses enfants au sein du musée. Remarquons ainsi que, sous la lumière changeante du Havre, il se noue un subtil dialogue entre ces chefs-d’œuvre et la collection permanente, avec les variations atmosphériques d’Eugène Boudin, « roi des ciels », que Nicolas de Staël, pourtant, n’évoque jamais…