Par sa puissance financière, le Getty est sans doute l’institution la plus présente sur le marché de la photographie. En 1984, il révélait qu’il avait acquis dans le plus grand secret, pour limiter la spéculation, près de 30 000 images. Avec l’exposition \"Capturing Time : a Celebration of Photographs\" – une réflexion sur \"l’élément temps, non seulement en tant qu’aspect du processus de fabrication des images, mais comme partie active du contenu de la photographie\" –, les galeries de photographie du nouveau Getty Center seront inaugurées le 13 décembre, comme l’ensemble du bâtiment de Brentwood. Elles illustrent son ambition de s’imposer dans des domaines négligés par les autres institutions de Californie du Sud. Weston Naef, conservateur chargé des collections de photographie, parle de la collection du Getty et du marché.
Comment la collection a-t-elle débuté ?
Durant l’été 1984, nous avons annoncé que nous avions acheté environ vingt mille photographies de grands maîtres, ainsi que dix ou douze collections presque complètes, dont celles de Sam Wagstaff et du marchand suisse Bruno Bischoffberger. Le public a été sidéré d’apprendre que ces acquisitions avaient été conclues en secret. Aujourd’hui, nous en avons environ trois fois plus, car le Getty s’est ensuite intéressé à de plus petits ensembles, à des séries de photographies de grands maîtres, afin de compléter les points forts de la collection ou de combler de grosses lacunes. Nous avons essayé de retrouver des héritiers des grands photographes ou des successeurs des premiers collectionneurs. Mes meilleures acquisitions sont justement ces achats de séries de cinq à six photos, comme celles réunies par Kurt Baasch, l’ami de Paul Strand et son premier collectionneur, qui comprenaient les tirages au platine de Femme dans Washington Square Park (1914) et des Contreforts de l’église de Taos, Nouveau-Mexique.
Selon vous, quel effet a eu sur le marché de la photographie la constitution de cette importante collection ?
À une ou deux exceptions près, nous n’avons jamais payé de record mondial. Nous ne faisons donc pas le marché, nous y répondons. Nous le modifions un peu en achetant un ensemble exceptionnel de photographes très importants qui, de ce fait, ne sont plus disponibles. En influant sur la rareté, nous affectons indirectement le marché.
Où continuez-vous d’acheter ?
Nous achetons très rarement dans les ventes aux enchères, car les catalogues ne paraissent qu’un mois environ avant la vente alors que nous planifions nos achats plusieurs mois à l’avance. Ainsi, nous ne nous sommes pas retrouvés en compétition pour Hands Sewing (Mains cousant) d’Alfred Stieglitz, vendu par Christie’s à un prix record. Mais quelques mois auparavant, pour le prix équivalent à une seule photographie, nous avions négocié avec la succession O’Keeffe l’acquisition d’une centaine de portraits de Georgia O’Keeffe par Stieglitz qu’il lui avait laissés, plus une vingtaine de ses autres photographies.
Bénéficiez-vous de donations ?
Le Getty n’en reçoit pas beaucoup mais plus qu’on ne l’imagine, entre cinquante et soixante-quinze par an. Nous avons acquis la solide réputation de prendre soin des œuvres, de les montrer, de les publier et de les exposer dans les meilleures conditions possibles. Ce qui prouve qu’une grande collection attire les gens désireux d’y contribuer.
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Musées : à l’Ouest, du nouveau
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°47 du 7 novembre 1997, avec le titre suivant : Musées : à l’Ouest, du nouveau