Le miroir revient dans l’œuvre de Michelangelo Pistoletto comme un leitmotiv, au risque d’ailleurs d’un certain systématisme.
L’exposition « La mise à nu de la société », à la Commanderie de Peyrassol, n’échappe pas à la règle : une dizaine d’entre eux, de grand format, sont installés près du sol et jalonnent la salle d’exposition. Plus loin, on les trouve aussi, encadrés cette fois, dans « Face au temps », qui confronte la collection de la Galerie De Jonckheere à celle de Philippe Austruy, fondateur du lieu. Initiée à l’été 2019 et achevée à l’hiver 2020, la série Messanudo renouvelle pourtant la formule adoptée de longue date par l’artiste italien. Les miroirs y sont en partie couverts de portraits photographiques en pied à l’échelle 1, montrant des individus de tous âges et de toutes origines. Quelques-uns sont seuls. La plupart sont saisis en pleine effusion : ils se regardent, conversent, se touchent en une série de tableaux vivants, aux poses sculpturales. Cette proximité des corps et des esprits est exacerbée par le fait que Pistoletto campe ses sujets entièrement nus. Une façon selon lui de gommer toute différenciation sociale et économique. « En italien, uniforme se dit divisa», rappelle-t-il. La nudité exprime ainsi un refus de la division qui résonne d’une façon toute particulière en plein conflit, après deux ans de pandémie et de « gestes barrières ». Elle offre aussi un contrepoint à La Vénus aux chiffons (1967), œuvre phrase de Pistoletto également exposée à la Commanderie. Pour Pistoletto, Messanudo se veut ainsi une ode à la bienveillance et une invitation à renoncer à l’égoïsme. À l’orée de l’exposition, un néon nous invite d’ailleurs à « aimer les différences ». Il y a bien sûr dans cet élan un petit côté United Colors of Benetton qu’on pourra trouver mièvre. Il n’empêche : fondre son propre reflet parmi ces corps libres est une expérience troublante, proche de la communion.
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Miroirs de l’âme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°754 du 1 mai 2022, avec le titre suivant : Miroirs de l’âme