Rétrospective - Le parcours singulier de Jan Van Imschoot (né en 1963), qui a commencé à peindre au début des années 1990, s’inscrit dans la remise en question de la peinture figurative et de ses rapports avec l’histoire de l’art.
La vaste rétrospective en plus de 90 toiles, que le Smak consacre au peintre belge dans sa ville natale de Gand, suit un parcours sur plus de trois décennies, de la froide intimité postmoderne à l’exubérance visuelle de ses dernières productions. D’entrée, le gigantesque bébé d’Amore dormiente accueille le visiteur. Référence assumée à l’ange endormi du Caravage, c’est aussi la première pièce d’un puzzle pictural qui renvoie aux grands maîtres dont s’inspire Van Imschoot, où Rubens côtoie Manet ou Vermeer. Des hommages parfois proches du pastiche, mais sans doute faut-il y voir plutôt une reconnaissance de dette et une forme d’honnêteté. Au-delà de la peinture, le cinéma, de Buñuel à Pasolini en passant par Tati, offre aussi à l’artiste une source d’inspiration permanente, même si les citations sont beaucoup moins littérales. Les deux se rejoignent dans la profusion baroque et sarcastique de la toile Alice Guy au pays des merveilles où, dans une explosion de couleurs, il rend hommage à la pionnière du cinéma en empruntant un nu à une toile de Tintoretto. Passée la surabondance de références, les peintures de Van Imschoot sont aussi un miroir des questions qui traversent la société d’aujourd’hui : le genre, l’identité, la pornographie, la violence et la guerre. L’âpreté du réel affleure, portée par une émotion plus contenue, comme dans ses très beaux portraits de résidents de l’institution psychiatrique de Geel. Dans une de ses dernières séries, il prend du recul avec le présent dans d’imposantes natures mortes, références cette fois à l’Âge d’or hollandais, et plus particulièrement à Willem Claesz Heda. Ses tables richement ornementées, ses carafes et verres miroitants de reflets et ses sanguinolents jambons font parler la peinture. Le reste n’est que silence.
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L’exubérant Jan Van Imschoot
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°772 du 1 février 2024, avec le titre suivant : L’exubérant Jan Van Imschoot