Hélène Delprat, plasticienne née en 1957 à Amiens, a un parcours étonnant : après être passée par les Beaux-Arts de Paris – où elle enseigne actuellement le dessin –, par la Villa Médicis, puis après avoir été représentée pendant dix ans de 1985 à 1995 par la Galerie Maeght, l’artiste a connu une longue traversée du désert avant de revenir, en 2014, chez le galeriste Christophe Gaillard.
Depuis, l’art protéiforme de l’artiste (Hélène Delprat est à la fois peintre, vidéaste, scénographe et blogueuse) ne cesse de s’émanciper – sa présentation personnelle l’été dernier à la Maison rouge était marquante. Celle-ci dévoile en effet désormais l’envers du décor, à savoir les nombreuses ramifications, issues de sources diverses (le cinéma, la radio, les grotesques de la Renaissance, Internet…), qui accouchent d’une peinture postmoderne, foutraque et baroque, citant avec la même gourmandise tant le Grand Siècle que les peintures populaires des fêtes foraines via l’iconoclaste Godard. À l’arrivée, à Caen, comme précédemment à la Maison rouge, le visiteur pénètre une centrifugeuse créative qui, en multipliant les supports (toiles, écrits, collages, films bricolés, photographies, performances…), brouille les pistes pour rappeler, façon Picasso, que « L’art est un mensonge qui nous fait comprendre la vérité ». On suivra tout particulièrement son blog « Days », qu’elle tient depuis 2004, un journal intime morbide et narcissique pleinement assumé.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°713 du 1 juin 2018, avec le titre suivant : Les très riches heures d’Hélène Delprat