Les testaments incarnés de Rembrandt

C’est de ce dernier que proviennent la grande majorité des 72 gravures du maître néerlandais, pour la plupart des tirages originaux.Thèmes issus de l’Ancien et du Nouveau Testament, figures de saints (comme l’ermite Saint Jérôme, que Rembrandt a souvent représenté et qui fait l’objet d’un chapitre particulier dans l’exposition), scènes de la vie de Jésus… le parcours révèle un artiste plongé dans l’étude de la Bible et passionné par les interprétations théologiques de son temps. L’expérimentation est un maître-mot chez Rembrandt et se décline tant dans la forme que dans le fond. En gravure, le peintre met à l’épreuve la technique de l’eau-forte qu’il privilégie, jusqu’à accentuer de façon magistrale les clairs-obscurs, mais sans jamais négliger d’autres techniques comme le burin. Dans le fond, sa relecture de l’histoire d’Adam et Ève (transformés en couple aux corps fatigués à mille lieux de l’idéalisation de Dürer) ou de la figure de la Vierge à l’Enfant (un thème emprunté au catholicisme qu’il réussit à « protestantiser » en offrant une vraie intériorité aux deux figures) montrent à quel point, loin de toute ornière dogmatique, Rembrandt a osé porter un regard singulier sur le livre saint. Guidé par une scénographie toute en finesse, qui remet la production artistique de Rembrandt dans le contexte historique et social de son époque, il ne reste au visiteur, croyant ou non, qu’à se plonger, à son tour, dans ce passionnant parcours.