Des perceuses bruyantes et phalliques affublées de plumeaux à poussière, roses ou violets, qui évoquent la douceur d’une caresse ! En 1974, Jean Tinguely a créé pour l’exposition « Débri(s)collages » à la Galerie Bischofberger de Zurich ces deux œuvres, Miostar No.
2 et Bosch No. 2, qui furent données par Niki de Saint Phalle au Musée Tinguely. Elles font partie d’une série de sculptures animées, espiègles et subversives, assemblant perceuses, marteaux, clés ou scies, qui se mettent en mouvement dans un festival de sons et de couleurs pour tourner en dérision l’obsolescence des objets mécaniques. Le titre même de l’exposition de 1974, « Débri(s)collages », qui joue avec les mots « bricoler », « débris », « débricoler » et « collage », s’en amuse. Sur l’affiche de l’exposition, l’ingénieux et facétieux Tinguely reprend les motifs de la pince et de la rose, mettant en scène le mélange d’agression et de tendresse émanant de ses œuvres. Pour le catalogue, il imagine des photomontages de celles-ci avec des images publicitaires de bricoleurs heureux, pour se moquer de la mode du DIY (Do it yourself). Il recommande en outre au galeriste d’installer un établi et de préparer une trousse de premiers secours !
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°735 du 1 juillet 2020, avec le titre suivant : Les sculptures animées de Tinguely