Les Prat, amoureux fous du dessin

En 2020, le Petit Palais avait présenté, à travers les œuvres réunies par le couple, trois siècles de création avant 1900, de Callot à Seurat. Cette fois, il s’agit de raconter la fabrique de leur collection. Au fil du parcours se dévoilent des rencontres et des histoires d’amour avec les œuvres qu’ils ont acquises. S’appuyant sur un long et beau texte écrit par Louis-Antoine Prat, l’exposition déroule le journal intime d’une passion : à travers des citations inscrites sur les cimaises et les cartels, c’est bien la voix de cet amoureux fou du dessin, compagnon de route du Louvre et du musée d’Orsay, qui nous guide. Elle nous parle de la genèse de sa collection, qui prend modèle sur celle de Philippe de Chennevières au XIXe siècle ; nous conte la provenance des feuilles, passées par des mains illustres, comme celles de la reine Christine de Suède ou encore d’Alain Delon ; elle aborde, enfin, les artistes préférés du couple (La Hyre, Le Brun, Poussin, Watteau, David…), mais aussi les œuvres dont il a fallu un jour se séparer, en l’occurrence celles du XXe siècle, pour permettre de nouvelles conquêtes. Sont ainsi exposés deux dessins – L’Enlèvement de Proserpine, de Nicolas Poussin et Femme à genoux auprès d’un berceau, d’Antoine Watteau, chacun sur un mur : pour les acquérir, les Prat ont dû vendre de très belles feuilles, qu’on retrouve, imprimées, sur la cimaise. En les contemplant, montent à nos lèvres ces vers des Illuminations de Rimbaud, qui pourraient exprimer toute la douleur et la joie de cette vie vouée à la poursuite de la beauté : « Ta tête se détourne : le nouvel amour ! Ta tête se retourne, – le nouvel amour ! »