PARIS
En présentant la donation d’art tibétain du photographe Jean Mansion, le Musée Guimet rappelle qu’il n’est pas besoin d’être richissime pour rassembler une collection digne des institutions. Cinquante-cinq pièces qui comblent des lacunes dans les collections nationales.
PARIS - "L’art khmer, la céramique chinoise étaient pour un collectionneur comme Jean Mansion, sans fortune personnelle, des domaines clos", explique Gilles Béguin, conservateur en chef au Musée Guimet. Le photographe, voyageur attiré par les pays lointains, s’est donc tourné vers l’art tibétain à une époque où son marché offrait à l’amateur éclairé, disposant de revenus limités, de larges possibilités, les "grands" collectionneurs internationaux le dédaignant encore.
De 1970 à 1990, avec des pièces dépassant rarement les 35 000 francs, Jean et Lise Mansion ont su rassembler une collection remarquable pour ses apports chronologiques ou iconographiques. Après son décès, survenu il y a deux ans, Jean Mansion souhaitait que sa collection garde sa cohérence. Il donna cinquante-cinq pièces au Musée Guimet, tandis qu’une donation de Lise Mansion enrichit le Musée Georges Labit de Toulouse, seule institution hors de Paris à offrir trois salles d’art himalayen.
Né en 1932 en Moselle, Jean Mansion était directeur de la photographie au service de la recherche de l’ex-ORTF, puis à la SFP. Il effectue de nombreux voyages en Asie, se passionne pour le Tibet, mais également pour le jazz, comme en témoigne une montagne de disques. "Jean Mansion était non seulement un esprit curieux, mais un érudit qui passait ses journées à la bibliothèque du Musée Guimet", poursuit Gilles Béguin, rappelant que le photographe – qui a également légué sa documentation au musée – avait écrit un ouvrage sur les contes tibétains.
Avec le don d’une sculpture d’un chef religieux (XVIe, première moitié du XVIIe siècle), une pièce marquée par une stylisation extrême des formes, du drapé en particulier, une sévérité poignante du visage, il élargit l’iconographie des collections du musée. De saintes empreintes de très grande taille, des textiles "appliqués", des objets liturgiques renforcent la place de certaines techniques, tandis que certaines périodes – XVe et XVIe siècle – sont dorénavant mieux représentées. Une gouache représentant deux lamas, considérée comme isolée, devient l’un des maillons d’une série de cinq après des recherches documentaires.
La présentation de la donation est complétée par des photographies – paysages et architectures – prises par Jean Mansion dans les pays de culture lamaïque entre 1975 et 1991. À l’issue de l’exposition, la moitié de la donation devrait rester présentée en permanence, l’autre par alternance. Elle complétera la donation Lionel Fournier, intervenue en 1990 sous réserve d’usufruit, qui par son ampleur – 101 pièces – a propulsé le Musée Guimet au premier rang des musées des arts du Népal et du Tibet.
Musée national des arts asiatiques Guimet, 6 place d’Iéna 75116 Paris, jusqu’au 28 novembre. Catalogue éditions Findakly, 48 p., 98 F.
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Le Tibet de Jean Mansion
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°7 du 1 octobre 1994, avec le titre suivant : Le Tibet de Jean Mansion