Le monde de ressentis de Dirk Braeckman

Depuis près de quarante ans, ils forment un monde en soi, particulier, silencieux et clos aux tonalités de gris obscurs et de lumière, qui captive par ce qu’il contient d’inaccessible, d’absent ou d’incertain. Le sujet semble lui-même se dérober à l’artiste. Ce qui n’est pas sans lui déplaire. « Le trouble, le mystère ouvrent à la narration », souligne Dirk Braeckman, qui est toujours resté discret sur le pourquoi et le comment de ses images. On ne trouvera pas davantage d’indices du côté de la légende. L’exposition au Frac Auvergne ne déroge pas à ce principe. Car le principal est ailleurs : dans les perceptions que chaque image, véritable boîte de Pandore, génère tant par son contenu que par sa matérialité qui la rend si physiquement présente. Série de portraits de femmes nues vues de dos et resserrés sur leur chevelure, rideau tombant sur une moquette à motif floral délimitant on ne sait quelle pièce ou encore éclats de lumière sur un bouquet de fleurs : tout n’est que suggestion, sensation, atmosphère et réminiscence, voire résonance pour certaines avec des tableaux de l’histoire de l’art ou des séquences de film. « L’acte photographique chez lui ne constitue qu’un premier geste de captation destiné à être archivé, parfois durant des années, avant qu’une image ne soit exhumée, parfois rephotographiée, recadrée ou étalonnée selon une lumière différente », rappelle Jean-Charles Vergne, commissaire et directeur du Frac Auvergne. Pour l’exposition, Dirk Braeckman en a exhumé un certain nombre, en particulier liées au paysage, pour créer de nouvelles photographies, dont certaines en couleur, qui entraînent là encore sur une autre manière de faire ressentir les choses.